Victime d'une crue multirécidiviste, l'établissement scolaire des mal-entendants, trop exposé, doit être transféré vers un autre site. La dernière crue, qui a frappé la capitale des Aurès le 22 septembre 2007, n'est, hélas, pas à sa première lugubre signature, mais plutôt à la quatrième triste édition. Si on ne signale, fort heureusement, aucune perte humaine, les dégâts se chiffrent par millions, sinon par milliards, touchant, entre autres, comptoirs de commerces et véhicules de différents genres et catégories. A la cité la Verdure, où se trouve l'école des jeunes sourds-muets, la crue a frappé plus qu'ailleurs, et les dommages sont lourds, comme nous l'avoue la directrice de l'école visiblement affectée, d'autant plus que les élèves se préparaient à une rentrée scolaire, qui n'aura probablement jamais lieu, du moins pour cette année. Inaugurée au début des années 1980, l'école des jeunes sourds-muets se trouve au quartier Bordj El Ghoula, zone inondable, et a été la proie de toutes les crues qu'avait connues la ville de Batna, d'ailleurs la dernière inondation risque de lui être fatale. Selon nos interlocuteurs, et à leur tête la directrice de l'école, M. Guetala, le montant des dégâts s'élève à des milliards, au bas mot, 3 milliards de centimes. Deux cabines audiométriques, l'une numérique et l'autre digitale, selon une spécialiste enseignante à l'école, celles-ci sont la poutre-maîtresse dans une école spécialisée (sourds-muets), car elles permettent de mesurer le taux de surdité, et de voir la meilleure manière de prendre en charge l'enfant ; ce matériel délicat n'est plus opérationnel. Comment faire des tests avant d'accepter ou non un élève ? Et ce n'est pas tout : douze appareils Suvague individuels et collectifs, une batterie de test Borel Maisonny et des instruments de rééducation, ont passé la nuit dans l'eau.Les autres compartiments de l'école : dortoirs, réfectoires, salles de classe et bureaux, ont subi le même sort, le niveau de l'eau a dépassé 1m 50. Dans les bureaux de l'administration, les archives de l'école, datant de l'ouverture de celle-ci, bulletins et cahiers sont abîmés et irrécupérables. Dans les chambrées et la cuisine, même scénario, aussi bien les matelas que le grand four de la cuisine, sont déclarés hors d'usage. Quant à la seule et unique consolation, la directrice nous dira : « Heureusement que les élèves ne se trouvaient pas à l'école, ça aurait été une catastrophe humaine, que nous n'aurions jamais pardonnée ». Les employés de l'école essayent, tant bien que mal, d'évacuer l'eau avec des moyens dérisoires. Après plus d'une semaine, l'ensemble du personnel s'interroge sur le devenir de l'école, mais aussi sur le silence des autorités et de la tutelle, qui ne donnent aucun signe de vie, et ne semblent pas s'en inquiéter outre mesure. Ironie du sort ou triste sort, aucune école spécialisée dans les quatre coins du pays, ne s'est souciée de son analogue à Batna, « pas même un coup de téléphone », nous dira tristement une jeune stagiaire, équipée d'une paire de bottes en caoutchouc et munie d'une serpillière.Plus d'une semaine après le drame, le collectif de l'école a fait circuler une pétition pour sauver l'école. Le silence ou le peu d'intérêt, même après l'appel de détresse lancé via les ondes de radio Batna, ne semble pas trouver écho auprès des concernés. Ce sont plutôt des citoyens, parents d'élèves et employés de l'école, qui sont les premiers à avoir proposé leur aide pour mettre la main à la pâte.