L'élaboration des listes électorales n'est pas passée dans la monotonie pour les partis politiques devant prendre part au scrutin du 29 novembre prochain. La semaine qui a précédé la date limite du dépôt des dossiers de candidatures (le délai est arrivé à terme hier à minuit) était des plus mouvementées pour la majorité des partis politiques. Les difficultés dans le choix des candidats ne sont pas pareilles pour tous les partis. En effet, les formations politiques dites « microscopiques » ont peiné pour compléter leurs listes et finaliser les dossiers de candidatures avant les délais impartis, d'autant qu'elles sont contraintes de satisfaire les exigences supplémentaires imposées par les amendements introduits, l'été dernier, à la loi électorale. N'ayant pas réalisé des scores supérieurs à 4% des suffrages exprimés lors des trois dernières législatives (1997, 2002 et 2007), les petits partis doivent appuyer leurs listes électorales avec au moins 3% des signatures des électeurs dans chaque circonscription où ils présenteront des candidatures. L'opération n'était pas une sinécure. En plus de « la pénurie » de candidats qui, contrairement aux dernières législatives, ne se sont pas bousculés au portillon, les petits partis ont souffert le martyre pour convaincre les électeurs à leur accorder des parrainages. Certains d'entre eux ont dû recourir à des placards publicitaires pour recruter des candidats. Pour justifier cette situation, de nombreux partis ont pointé un doigt accusateur sur l'administration et le ministère de l'Intérieur, accusés de leur avoir mis des bâtons dans les roues. C'est le cas notamment du Rassemblement patriotique républicain (RPR) de Abdelkader Merbah. Ce dernier nous a contacté avant-hier pour dénoncer ce qu'il appelle « les deux poids, deux mesures de l'administration ». « Nos candidats sont victimes de l'abus d'autorité de certains responsables locaux, comme c'est le cas à Tindouf. Le P/APC de cette commune renvoie les électeurs voulant accorder leur parrainage à nos militants, parce qu'il est lui-même candidat à cette élection. J'ai tenté de joindre les responsables locaux et ceux du ministère de l'Intérieur afin de résoudre le problème, en vain », fulmine-t-il. Une situation critiquée également par les partis qui ne tombent pas sous le coup des nouveaux amendements de la loi électorale, tels que le FFS et le MSP. Le premier secrétaire du plus vieux parti d'opposition, Karim Tabbou, avait, rappelons-le, qualifié d'« absurde » l'exigence de certaines pièces ayant le même sens pour la constitution des dossiers de candidatures, citant « la nationalité et la photocopie de la carte d'identité ». Le leader du MSP, Bouguerra Soltani, s'est dit contre la mesure selon laquelle chaque candidat doit fournir un certificat de résidence délivré par les services de l'APC où il présente sa candidature. Si les petits partis sont, jusqu'à la dernière minute, à la recherche de candidats, les « grands partis » ont fait face à un autre problème : la multitude des candidatures et les difficultés du choix. La confection des listes au sein de ces partis a provoqué des mécontentements et parfois même des bagarres. Les premières places des listes se négocient à couteaux tirés. Au FLN, parti majoritaire au niveau des anciennes APW et APC, la protesta a pris, dans certaines localités, des formes de violence, allant jusqu'au saccage des sièges de mouhafadha (Djelfa). Les mêmes contestations sont enregistrées aussi au sein des autres partis, même si elles sont étouffées par les directions centrales qui menacent carrément de radiation de leurs rangs tout candidat protestataire. Dans certaines localités, les premières places ont été obtenues à coups de poing ou à coup de millions de centimes. Ce n'est pas fini. Après l'arbitrage de leurs états-majors, les postulants aux mandats locaux doivent attendre le verdict du ministère de l'Intérieur qui doit statuer, d'ici dix jours, sur tous les dossiers.