«Le délai de dépôt des listes de candidature s'achève 45 jours francs avant la date du scrutin.» Depuis le scrutin de 1990-91, jamais législatives n'auront soulevé autant de polémiques, ni divisé autant la classe politique. Entre les appels au boycott, les partisans du rejet et ceux favorables au report, bien peu de places restaient aux autres citoyens. En théorie du moins, car tant que les législatives restent en perspective, nous ne pouvons nous prononcer. Pris au piège du respect des délais constitutionnels, la marche forcée du pouvoir lui aura fait commettre, au minimum, deux erreurs historiques. Les deux concernent le respect des lois de la République, à savoir une Constitution adoptée par voie référendaire en 1996 et deux lois organiques qui, durant la même année, avaient joui d'un consensus quasi absolu de la part de la classe politique. La première concerne l'ouverture de la session de printemps de l'APN. Une session qui, comme le prévoit la Constitution, doit durer au minimum quatre mois. Ce qui fait que le mandat des actuels députés empiétera immanquablement sur celui de leurs successeurs. Cette erreur stratégique montre, tout le trouble qui a gagné les décideurs qui, de reculades en estocades, ne savent plus comment gérer les crises successives et les grognes répétitives qui apparaissent aux quatre coins du pays. La Constitution, qui n'a pas laissé grand-chose au hasard, a en effet prévu ce cas de figure. Afin que les institutions ne s'arrêtent pas pendant plusieurs mois et que les projets de lois urgents ne traînent pas trop en longueur, le texte fondamental de la République algérienne a donné le pouvoir constitutionnel au Président de convoquer des sessions extraordinaires qui prennent automatiquement fin avec l'épuisement de leur ordre du jour. Cet empiètement de la Constitution avait été mis en relief par des médias sans que les députés, ni la classe politique s'en émussent outre mesure. C'est cette démission quasi collective qui a dû encourager les décideurs à commettre leur seconde erreur. Cette fois-ci, ce sont les termes très clairs de la loi organique sur les élections qui ont été bafoués. En effet, le pouvoir, bien après la convocation officielle du corps électoral, a opéré en catimini un report de la date de dépôt des candidatures. Initialement prévue pour le 12 avril dernier, celle-ci n'est intervenue qu'hier à minuit. S'il est vrai que ce report se justifie par la date butoir du Printemps berbère et le voeu formulé de voir les choses enfin rentrer dans l'ordre, il est vrai aussi que la date du scrutin aurait dû être reportée à son tour. La loi organique portant régime électoral, dans son article 110, s'énonce comme suit: «Le délai de dépôt des listes de candidature s'achève 45 jours francs avant la date du scrutin.» Or, un vulgaire petit calcul mental permet de dire qu'hier, date limite de dépôt des candidatures, moins de 45 jours nous séparaient du 30 mai. Sur le plan pratique, comme souhaiteraient peut-être le savoir les citoyens, les listes ont été déposées au niveau des Drag (Directions de la réglementation et des affaires générales) des wilayas. Celles-ci, sur la base de toutes les pièces fournies, y compris la conformité du programme électoral avec les lois, peuvent rejeter une ou plusieurs listes, comme cela avait été le cas en 1997. Une semaine est laissée aux Drag, et aux représentations diplomatiques pour rendre leur verdict. La campagne électorale, qui durera 21 jours et prendra fin 48 heures avant le scrutin, devrait commencer le 8 mai prochain. D'ici là, les partis et listes indépendantes retenus devraient commencer leur enregistrement pour passer à la télé et à la radio. Pour finir, signalons que même en l'état actuel des choses, rien ne nous dit que si pour respecter le délai des 45 jours, le pouvoir ne procéderait pas à un report, plus ou moins prolongé, de la date des législatives.