Un tremblement de terre de magnitude 7 en Algérie provoquera des dommages et des dégâts aussi importants que les catastrophes précédentes. Il ne faut pas croire que l'Algérie est le Japon. Nous sommes très loin derrière ce pays en matière de prévention des catastrophes naturelles. Nous n'avons ni les moyens ni les capacités de faire face à ce type de situation », ce constat des plus négatifs émane de M. Chelghoum, spécialiste en génie sismique et professeur à l'université des sciences et des technologies de Bab Ezzouar (USTHB). Ce dernier a clairement rappelé que notre pays se trouve confronté à de sérieux problèmes en matière de construction, d'habitat, d'infrastructures de base... Cet avis est partagé par les experts et les spécialistes qui ont pris part hier à la table ronde organisée par le forum d'El Moudjahid et consacrée au dossier de l'urbanisme et de la prévention des risques majeurs. Mme Aït Mesbah, directrice de la recherche et de la construction au ministère de l'Habitat, s'est étalée sur le problème du vieux bâti. « 80% du bâti sont vieux, ils ont 50 ans d'âge. Ce bâti ne répond pas aux normes. Il est donc insensé de dire que l'Algérie peut faire face à un séisme de 7 degrés. Nous ne sommes pas riches. Nous travaillons avec les moyens du bord qui sont très limités, et ce, pour minimiser juste les dégâts », a souligné l'intervenante. Abondant dans le même sens, M. Chelghoum fera remarquer, manière de tirer la sonnette d'alarme, que le programme ambitieux annoncé par le premier magistrat du pays, notamment la réalisation de un million de logements avant la fin 2009, l'autoroute Est-Ouest, les 400 ouvrages d'art, l'aménagement de la baie d'Alger, demande un travail minutieux et un plan bien ficelé. En somme, il faut, selon lui, des outils assez performants, des outils de contrôle technique, de suivi, c'est-à-dire une maîtrise d'ouvrages des plus percutants. M. Chelghoum ne cesse de sensibiliser les pouvoirs publics sur cette question. Pour lui, il est important de mettre en place une commission d'experts pour la prise en charge du vieux bâti, par l'identification de la pathologie, le déblocage des enveloppes financières et essayer de trouver des solutions appropriées afin d'arriver à mettre en place des scénarios pour les différents types de bâti ancien ou récent. Mme Aït Mesbah a révélé que la wilaya d'Alger a commandé une étude portant sur le diagnostic d'un ensemble de bâtiments pour connaître leurs degrés de vulnérabilité. Cette étude a été étendue à Annaba, Constantine et Oran. Le constat établi via cette étude fait ressortir que ce vieux bâti représente en majorité notre riche patrimoine algérien : faut-il le démolir, le restaurer ou le réfectionner. « S'il faut une restauration, cela demande des moyens énormes, et aussi la gestion des questions essentielles portant sur les propriétaires, les héritiers, les locations. Ces éléments sont un handicap pour la prise en charge de ce dossier », a-t-elle expliqué. M. Bouabdallah estime qu'il est nécessaire de faire des études comme celles réalisées pour le compte de la wilaya d'Alger qui contenaient des cartographies des risques. Pour lui le travail doit se faire à un niveau inférieur, ce qui sous-entend à une échelle locale. M. Yelles rappellera, qu'aujourd'hui, l'Algérie commémore une date importante de notre histoire, à savoir le séisme de Chlef. Ce fait, de son point de vue, est un élément de rappel de la permanence de ce risque majeur en Algérie. « Il ne faut pas oublier que l'activité sismique est permanente en Algérie. Des secousses se produisent quotidiennement, mais elles ne sont pas fortes, donc chacun de nous doit être un acteur et faire son travail, le constructeur, le maçon, l'APC... Tous les efforts doivent se concentrer sur la réduction du risque », a souligné l'orateur.