Un violent séisme vient d'affecter l'Asie du Sud-Est. Comment peut-on expliquer cela ? C'est un séisme qui a eu lieu à quelques dizaines de kilomètres à l'ouest de l'île de Sumatra, au nord-ouest de l'Indonésie. Pas très loin, donc, de la Malaisie et du Bangladesh. Il se situe, plus exactement, entre Sumatra et l'Inde. Son épicentre se trouve très proche des côtes de Sumatra. C'est un séisme très superficiel, d'une profondeur de 10 à 20 km et d'une magnitude de 8,2, donc, de forte intensité. Ce tremblement de terre implique une longueur de faille qui fait 2,5 à 3 km et un déplacement du plancher du fond marin de l'ordre de 5 à 10 mètres. Il se trouve que Sumatra est une zone de subduction, c'est-à-dire qu'il y a une plaque qui s'enfonce vers une autre. Elle s'enfonce et engendre des zones de frottements qui provoquent des tremblements de terre. Qu'est-ce qui a provoqué les tsunamis ? Les fonds marins, sous l'eau, se sont déplacés sur une longueur de faille qui fait 400 à 500 km avec un déplacement qui a atteint 5 à 10 m. Et lorsque le plancher du fond marin se déplace, il emporte avec lui de l'eau. Et lorsque cette masse d'eau est arrivée près de la côté, son amplitude a augmenté et a formé des vagues de 10 à 20 m qui se sont abattues sur les zones côtières. Ce raz de marée n'a pas touché seulement l'île de Sumatra, mais aussi l'Inde et le Bangladesh. Parce que le tsunami s'est propagé dans l'eau et a produit une vague qui déferlera sur toutes les côtes environnantes. N'y a-t-il pas de risques immédiats de répliques de même intensité ? Des répliques de même intensité, non. Mais des répliques de magnitude faible, cela est fort possible. Il peut y avoir des répliques de 5,9 jusqu'à 7,3. Ne s'agit-il pas d'un phénomène séisme qui fera le tour de la Terre, comme disent certains prévisionnistes ? Nous, les scientifiques, nous fondons nos arguments sur des bases que nous avons et des observations que nous faisons. Certes, parmi les conséquences immédiates de ce tremblement de terre, il y a des répliques et des tsunamis qui se sont propagés vers le nord-ouest et un peu vers le nord jusqu'au Bangladesh. Mais cela ne va pas au-delà. Y a-t-il des risques que l'Algérie soit touchée par un séisme de même intensité que celui qui vient d'ébranler une partie de l'Asie, surtout que le nord du pays est classé zone à forte sismicité ? En Algérie, il n'y a pas de tremblements de terre qui peuvent atteindre la magnitude 8. Il peut y avoir des séismes qui atteindront une magnitude 7 ou un peu plus. Simplement, parce qu'on n'a pas des failles qui font 300 km, qui sont capables de produire des tremblements de terre géants. Ainsi l'on peut exclure l'éventualité d'avoir un séisme très fort en Algérie du Nord, comme celui qui vient de secouer l'île de Sumatra. Autrement dit, on ne pourra pas avoir un tremblement de magnitude qui dépassera 7,5. En 2003, on a eu un séisme de magnitude 6,8 qui est aussi considérable. S'en sont suivies pendant un an des répliques. Et puis, peut-être d'autres séismes, comme dans la région d'Oran ou bien en Kabylie. Cela fait partie de l'activité sismique normale du nord de l'Algérie. Je dirai aussi qu'en Algérie, il n'y a pas les caractéristiques géologiques et géophysiques pour qu'on ait un séisme de 8,2. Cela est complètement exclu. L'Algérie du Nord est seulement dans une petite zone de limites de plaques, mais pas dans une zone de subduction. Existe-il un rapport entre le phénomène du réchauffement de la Terre et ces séismes qui deviennent assez fréquents et plus violents ? Non, il faut rester un peu concret et pragmatique. Toutes les données scientifiques indiquent que lorsqu'il y a des tremblements de terre quelque part, cela ne concerne pas du tout l'ensemble du globe. Heureusement ! Sinon ce serait une catastrophe générale.