A peine nommé à la tête du fonds monétaire international, le Français Dominique Strauss-Kahn, a déjà un aperçu peu réjouissant des perspectives de croissance mondiale pour 2007 et 2008 qui subit le contre coup de la crise du crédit qui s'est déclarée en été dernier aux Etats-Unis avant de se propager à d'autres marchés. Un dossier épineux auquel il devra faire face en même temps que son ambitieux programme de réforme de l'institution internationale annoncée dés sa nomination et avant ses prises de fonction officielles, le premier novembre prochain. Selon son prédécesseur, Rodrigo Rato qui quittera ses fonctions à la fin du mois d'octobre, l'économie mondiale traverse actuellement "une période de grande incertitude" en raison des turbulences observées sur les marchés du crédit, lesquelles réduiront la croissance en 2008 notamment. Rodrigo Rato, estime en effet que les turbulences sur les marchés financiers vont freiner la croissance économique "Notre appréciation sur l'économie mondiale en 2008 est relativement optimiste, mais nous devons reconnaître que si les turbulences sur les marchés du crédit se prolongent, l'impact sur l'économie sera bien plus grave", a-t-il dit, ajoutant que les risques étaient "plus importants aujourd'hui qu'il y a six mois". Usant d'un ton grave l'ex-chef du FMI lance une mise en garde significative."Les responsables de gouvernements ne doivent pas s'imaginer que les problèmes resteront seulement sur le bureau des banquiers", a-t-il indiqué dans un entretien au Financial Times. "Les problèmes vont s'étendre à l'économie réelle, aux budgets, a souligne M. Rato qui ajoute qu'il faudra "quelques mois, probablement jusqu'à l'année prochaine" pour que les disponibilités de fonds reviennent à leur niveau normal sur les marchés, ce qui "aura un impact sur la croissance". Cette situation qui se caractérisera par la réduction de la croissance imposera notamment aux ministres des Finances d'amender leurs budgets et de revoir leur copie, les chiffres attendus n'étant plus aussi prometteurs qu'auparavant. Ces inquiétudes ainsi exprimées et les perspectives moroses qu'elles laissent supposer pour l'économie mondiale avaient déjà fait l'objet d'analyse pessimiste , à l'occasion de la publication du rapport semestriel du Fonds monétaire international (FMI) sur la stabilité des finances mondiales, le 24 septembre dernier. Le rapport faisait état de l'ampleur des pertes liées à la crise des liquidités enclenchée aux Etats-Unis avec la crise des crédits "subprimes et souligne le fait qu'elle va continuer à perturber les investisseurs sur les marchés mondiaux à court terme " et gêner l'expansion économique mondiale. Les marchés émergents devraient être affectés La crise financière mondiale, qui a découlé de celle du marché des prêts immobiliers à hauts risques aux Etats-Unis cet été, n'est "pas une tempête dans un verre d'eau", a pour sa part déclaré Rodrigo Rato, qui s'exprimait sur la situation de l'économie mondiale à quelques semaines de la fin de sa mission à la tête du FMI. "Les Etats-Unis vont ralentir, la croissance en Europe semble déjà plus faible et au Japon aussi" dans une moindre mesure, a-t-il ajouté. Les marchés émergents devraient aussi être affectés, a souligné M. Rato. Selon lui, l'Inde et la Chine enregistreront des taux de croissance économique supérieurs à la moyenne mais des difficultés devraient être ressenties dans certains pays d'Amérique latine notamment à partir du quatrième trimestre. La croissance de ces pays pourrait être amputée d'un demi point de pourcentage jusqu'en 2008, a-t-il précisé. Dans la foulée des déclarations de son ancien directeur général, le Fonds monétaire international (FMI) a décidé d'abaisser sa prévision de croissance mondiale du PIB à 4,8% pour 2008, contre une précédente estimation de 5,2%, selon ce qu'ont indiqué mardi dernier des sources allemandes proches du Fonds. L'estimation de 5,2% datait de juillet, avant les turbulences qui ont agité les marchés financiers et monétaires. Pour l'eurozone, le FMI prévoit maintenant 2,1% de croissance l'an prochain, contre 2,5% en juillet. Pour les Etats-Unis, premiers touchés par la crise des "subprime" en été, la baisse est plus drastique encore, la prévision de croissance passant à 1,9% contre une estimation de 2,8% il y a trois mois. Le FMI doit publier ses nouvelles prévisions la semaine prochaine, et elles devraient faire ressortir une baisse dans la plupart des régions du monde. Ainsi l'organisme voit maintenant la croissance du PIB de l'Allemagne et de la France à 2% en 2008, contre 2,4% et 2,3% attendus précédemment, et celle de la Chine à 10%, en retrait de 0,5% par rapport au chiffre avancé en juillet.