Le suspense touche à son terme sur le nom des candidats à la tête du Fonds monétaire international (FMI) mais le processus de nomination à la direction de l'institution internationale est désormais ouvertement contesté. Le FMI a fixé à vendredi minuit (samedi 04h00 GMT) la date limite pour le dépôt des candidatures au poste de directeur général. L'ancien ministre français de l'Economie Dominique Strauss-Kahn et l'ancien banquier central tchèque Josef Tosovsky sont à ce jour en lice. Le Fonds a souligné que le successeur de Rodrigo Rato pouvait être originaire de n'importe lequel des 185 Etats membres du Fonds et que le processus serait mené en toute transparence. Mais les candidats savent qu'aux termes d'une règle non écrite, l'Europe désigne le directeur général du FMI tandis que les Etats-Unis choisissent le président de la Banque mondiale. L'Espagnol Rodrigo Rato avait annoncé fin juin son intention de quitter son poste en octobre, soit deux ans avant l'échéance de son mandat. Jusqu'à la semaine dernière, Dominique Strauss-Kahn était le seul candidat déclaré. Sa candidature, annoncée par le président français Nicolas Sarkozy, avait reçu début juillet le soutien de l'Union européenne. Mais la Russie est venue troubler le jeu le 22 août en présentant la candidature de Josef Tosovsky. La Russie s'est ainsi faite le porte-voix des économies émergentes qui remettent en cause les partages de pouvoir établis. "Dès que le processus de l'élection a été engagé, il est apparu clairement que la règle non écrite du candidat de l'Union européenne serait utilisée", a déploré le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine. "C'est injuste envers les autres grands pays du monde, y compris des membres du G8. Le choix devrait être fait de façon professionnelle", a ajouté le ministre, précisant que d'importantes économies émergentes comme le Brésil, l'Inde et la Chine "soutenaient l'idée d'une véritable élection". Le "G24", qui regroupe les principaux pays en développement dont la Chine, l'Afrique du sud et le Brésil, a plusieurs fois répété ses réserves sur la nomination d'un directeur du FMI choisi par les Européens et demandé aux pays riches de s'engager clairement en faveur d'un processus de sélection ouvert. "En tant que ministres représentant les pays en développement, le G24 a toujours demandé un changement de la règle établie dans le passé qui veut que l'Europe soit autorisée à choisir le dirigeant du FMI et les Etats-Unis celui de la Banque mondiale", avait indiqué le G24 fin juillet. Il reviendra au conseil d'administration du Fonds de choisir le prochain directeur. La semaine dernière, le FMI avait indiqué que les deux candidats seraient bientôt auditionnés à Washington. Dans ce processus, le choix des Etats-Unis sera déterminant, puisqu'ils détiennent 16,79% des voix, et celui des autres pays riches sera aussi crucial. Les Etats-Unis ont évité de prendre parti avant la nomination, le secrétaire au Trésor Henry Paulson se réjouissant de discuter avec les deux candidats. Aussi les experts jugent-ils qu'un candidat dissident a peu de chances d'être nommé. La démission de M. Rato est intervenue à un moment délicat pour le Fonds, qui peine à faire avancer les réformes notamment sur la formule des quotes-parts, qui règle l'équilibre des pouvoirs au sein de l'insitution, et sur le financement. Dans un éditorial tranchant mardi, le quotidien britannique Financial Times (FT) a vivement attaqué l'Union européenne pour le choix de Dominique Strauss-Kahn. "Il est le mauvais candidat, choisi de la mauvaise façon", estime le FT, en soulignant que "le Fonds a besoin d'une personne intellectuellement crédible à sa tête".