Le Zénith s'est rempli très vite. Six mille personnes ont convergé vers la salle de spectacles à l'appel de SOS Racisme pour dire « non » au test ADN pour les candidats au regroupement familial. A la tribune, la gauche, le leader du Modem, François Baurou et l'unique député de l'UMP, François Goulard. Paris : De notre bureau Et surprise, Saïd Sadi présent en sa qualité de responsable politique mais aussi de militant des droits de l'homme. Côté people, se sont joints aux comédiens Josiane Balasko, Isabelle Adjani et Michel Piccoli, des chanteurs Carla Bruni, Renaud et Tiken Jah Fakolly, des écrivains Amélie Nothomb et Bernard-Henri Lévy, notre Fellag international. Co-organisé par les journaux Charlie Hebdo et Libération, ce meeting avait pour unique mot d'ordre le retrait de l'amendement Mariani (du nom du député UMP du Vaucluse, Thierry Mariani, proche de l'extrême droite) instaurant des tests ADN pour cette catégorie d'immigrés. « Cet amendement instaure une discrimination entre étrangers et Français et met la génétique là où elle n'a pas sa place », explique François Hollande. Le secrétaire général du Parti socialiste, au sein d'une foule toute acquise, promet que son parti déposera un recours devant le Conseil constitutionnel si l'amendement venait à être voté. A l'applaudimètre, le leader centriste arrive premier sur la liste. Convoquant l'histoire de France, François Bayrou s'est élevé contre l'amendement et promet de participer lui aussi à la saisine du Conseil constitutionnel. Ce rassemblement républicain a pris tout son sens lorsque François Goulard, seul représentant de la droite, a pris la parole : « Il y a des choses qui nous dépassent, qui appartiennent à tous les Français, à tous les hommes et femmes de cette planète : ça s'appelle les droits de l'homme. Il y a une question de discipline de groupe, il y a un électorat, mais il y a des valeurs aussi. Il n'est jamais facile d'aller contre le gouvernement et la majorité de son groupe », confie l'élu, précisant ne pas « être le seul dans la majorité et à droite » à être en désaccord avec l'amendement ADN. Le sénateur communiste, Jack Ralite, a lu un texte émouvant à la tribune. Il finit par prévenir la salle des dangers de l'utilisation de l'ADN. « Il faut éviter le silence des pantoufles pour ne pas avoir le bruit des bottes. » En vieux briscard de la politique, Laurent Fabius a donné une leçon politique sur cet amendement. Pour lui, le gouvernement a évité le Conseil d'Etat, qui aurait révoqué l'amendement, en faisant en sorte qu'il vienne d'un député. Pour le numéro 2 du PS, Nicolas Sarkozy fait des clins d'œil à l'électorat de l'extrême droite. Une commission mixte paritaire (7 députés et 7 sénateurs) doit se réunir aujourd'hui pour élaborer une version commune aux deux assemblées du projet de loi sur l'immigration, notamment l'amendement ADN. Intransigeant, le Premier ministre veut passer outre les critiques de l'opposition et d'une partie de son camp et même de son gouvernement, comme Fadéla Amara, qui a jugé « dégueulasse » cet amendement.