Les Français ont préféré donné à Nicolas Sarkozy la majorité qu'il réclamait. Le premier tour des législatives a viré au cauchemar pour le Parti socialiste. Les chiffres s'affolent. Le parti présidentiel, l'UMP, risque de rafler 383 à 501 sièges tandis que le PS doit se satisfaire d'une fourchette étriquée de 60 à 185 sièges. Et c'est pour endiguer cette déferlante bleue que les dirigeants du PS multiplient les appels pour les abstentionnistes. La candidate malheureuse à l'Elysée, Ségolène Royal, veut briser la logique arithmétique en voulant créer une dynamique avec le centriste François Bayrou. Le premier enseignement de ce scrutin est le fort taux d'abstention, près de 40%. Convaincus que les jeux étaient déjà faits, beaucoup d'électeurs ont boudé les urnes. La gauche est la première pénalisée par la désertion des urnes. Dans certains quartiers populaires acquis à la gauche, le taux d'abstention atteint près de 60%. Il faut remonter jusqu'en 1981 pour voir un tel déséquilibre à l'Assemblée. Contrairement à François Mitterrand qui avait demandé à ses concitoyens de ne pas lui donner une majorité écrasante par souci démocratique, les dirigeants actuels ne cachent pas leur boulimie. Le Premier ministre appelle à amplifier ce score dimanche prochain. Comme en 1981, 1988 et 2002, les Français, appelés à élire leurs députés dans la foulée de la présidentielle, ont offert au Président tout juste élu la majorité que celui-ci appelait de ses vœux. Comme pour marquer ce tsunami, une centaine de députés UMP ont été élus dès le premier tour. La gauche agite le spectre d'une démocratie au rabais. Dans une assemblée dominée à plus de 80% par l'UMP, les élus de gauche risquent d'être réduits à faire de la figuration. Le Parti communiste voit ses espoirs de garder un groupe parlementaire disparaître. Les projections les plus optimistes lui donnent entre 6 et 12 sièges. Le PCF a fait meilleur score que lors de la présidentielle sans pour autant endiguer le déclin du parti. Le Front national confirme aussi sa chute, amorcée lors de la présidentielle. Les électeurs frontistes ont préféré donné leur voix directement aux candidats UMP sans passer par la case FN. Seule Marine Le Pen, dans le Pas-de-Calais, s'est maintenue pour le second tour. Le FN a perdu son pouvoir de nuisance et ne jouera pas les arbitres cette fois-ci. Il est à son plus bas niveau depuis vingt ans. Une Assemblée monochrome Les candidats de la diversité, euphémisme pour désigner les postulants d'origine arabe et noire, seront de nouveau les grands perdants. La plupart d'entre eux sont passés à la trappe. Le cas de Malik Boutih, ancien président de SOS Racisme, est très révélateur. Investi officiellement par le Parti socialiste en Charente, il s'est vu coiffer au poteau par la candidate dissidente du PS et de l'UMP. Faouzi Lamdaoui, secrétaire national PS, investi dans une circonscription « gagnable », Argenteuil, là où le candidat Sarkozy avait parlé de racailles, aura fort à faire face à son adversaire UMP. Mouloud Aounit, figure emblématique, a décroché un score dérisoire malgré sa notoriété nationale. A droite, tout le monde voyait le chirurgien Salem Kacet décrocher haut la main son siège dès le premier tour. A plus de 36%, il a un résultat honorable mais le ballottage risque d'être périlleux. Tout comme pour les deux candidates UMP parisienne, Jeannette Bougrab et Lynda Asmani qui arrivent à se maintenir dans des bastions réputés de gauche. Par contre, Fadila Mehal du Modem n'a pas pu décrocher plus de 8, 23% contre l'inamovible Daniel Vaillant. L'ancien ministre à l'égalité des chances, Azouz Begag, se voyait bien arbitre à Lyon. Les électeurs en ont décidé autrement en ne lui accordant que 14,7% des voix.