Cette loi sera examinée demain par une commission mixte parlementaire avant son adoption définitive. L'amendement imposant des tests génétiques pour les immigrés demandant le regroupement familial en France provoque de plus en plus de contestations. Associations de défense des droits humains, de protection des enfants et de scientifiques, se sont mobilisées, ce week-end à Paris, pour dénoncer ce projet, que le député socialiste Jacques Lang, qualifie de «inique, humiliant et dangereux». «Cet amendement est un révélateur d'une politique d'ensemble cruelle, inhumaine, génératrice de désastre de vies», souligne le président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), Mouloud Aouint. Ce qui a en outre ravivé la polémique, ce sont les déclarations du Premier ministre français, François Fillon qui, lors d'un conseil national de l'UMP (Union pour un mouvement populaire), a considéré comme un «détail» l'amendement du projet de loi autorisant les tests ADN. Dans un communiqué rendu public avant-hier, le président du Mrap a regretté «l'obstination à entretenir une confusion sémantique entre un amendement inique (tests ADN) et un mot chargé symboliquement (le détail), lorsque les deux mots sont utilisés de manière concomitante dans une thématique spécifique, c'est-à-dire la désignation d'un ennemi intérieur». Ce projet de loi a provoqué des fissures au sein même de l' UMP, à travers la secrétaire d'Etat chargée de la ville, Fadéla Amara, qui avait jugé de «dégueulasse» qu'on «instrumentalise l'immigration» par le biais du recours aux tests ADN, provoquant un tollé d'indignations au sein des parlementaires de la droite au pouvoir de l'UMP dont certaines voix ont exigé sa démission. Mais le Premier ministre français ne préfère apparemment pas donner un coup d'éventail au feu qui se déclare au sein de la maison UMP, et réitère sa confiance en Fadéla Amara. Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, après la secrétaire d'Etat chargée de la Ville, c'est au tour du chanteur Enrico Macias et l'ancien footballeur international français, Basile Boli, d'origine ivoirienne, de faire entendre leurs voix contre le projet de loi autorisant les tests ADN. Hier, un rassemblement d'artistes et de personnalités, à l'initiative de SOS Racisme, Charlie Hebdo et Libération a été organisé au Zénith de Paris. Il faut souligner enfin que la loi sur la maîtrise de l'immigration, introduisant l'amendement sur les tests ADN, sera examinée demain par une commission mixte parlementaire (7 députés-7 sénateurs) avant son adoption définitive. Par ailleurs, selon nombre d'observateurs, de par ces mesures, pour le moins racistes, le gouvernement français ne vise qu'à rétrécir davantage le flux migratoire, après la chasse aux sorcières entamée contre les immigrés en situation irrégulière en France. Cette mesure adoptée par l'Hexagone s'inscrit dans la même ligne que celle concernant l'expulsion annuelle de 25.000 sans-papiers du territoire français vers leurs pays d'origine.