A l'instar des autres cultures qui auront subi de plein fouet les effets conjugués des éléments naturels, la viticulture qui occupe pas moins de 1 600 vignerons, n'aura pas été en reste. D'abord il y eut les effets de la gelée noire et du mildiou qui toucheront, dès l'entame d'un pluvieux printemps, essentiellement les nouvelles pousses et les grappes. Ce seront les vignobles des plaines côtières qui seront concernés par l'attaque de mildiou, alors que la gelée qui emportera les bouquets floraux de plusieurs cultures fruitières sévira avec plus d'acuité au niveau des terres intérieures. Face à ces fléaux naturels d'une rare intensité, les fellahs dont la plupart n'avaient pas encore perçu leur solde de la part de leurs acheteurs, ne pouvaient de ce fait réaliser les traitements qui s'imposaient avec acuité. Si bien que seuls ceux dont les budgets étaient suffisamment étoffés du fait d'une pratique polyculturale, surent répondre à temps aux attaques du mildiou. Tandis que les vignobles commençaient à prendre une belle allure, annonçant alors une récolte tout juste moyenne, ils durent faire face à une attaque forcenée d'oïdium. La pluviométrie persistante et la forte hygrométrie qui perdurera jusqu'aux premiers jours d'août, finiront par maintenir durant plus de 3 mois une ambiance favorable à la persistance des maladies cryptogamiques, notamment le redoutable oïdium qui provoque l'éclatement des baies de raisin. A l'arrivée, ce phénomène se traduira par des dégâts considérables au niveau de la plupart des zones de production. Seules les terres situées à l'intérieur, qui auront bénéficiées d'une moindre hygrométrie, pourront se tirer d'affaire. Si bien qu'un mois avant le début des vendanges, les opérateurs privés, chargés de la transformation des raisins de cuve, commençaient à se faire du soucis sur l'issue de la campagne. Les appréhensions des spécialistes qui avaient pronostiqué une année singulière dès le mois de juin, se confirmaient au fur et à mesure que l'échéance approchait. En effet, dès les premiers coups de serpette, les grappes affichaient une drôle de mine. Par endroit, chez les fellahs qui avaient sous-estimé les traitements, seules 2 à 3 grappes pourront être récoltées. Dans les rangs de vignes, il devenait loisible de constater les dégâts en prêtant attention aux nombreuses grappes abandonnées à leur sort. A la désolation des fellahs s'ajoutaient celles des deux opérateurs privés qui se seront partagés- en l'absence de l'ONCV- les quelques parcelles miraculeusement sauvées de la débâcle. Outre sa faible production, le millésime 2007 pourrait sonner le glas de la viticulture de cuve dans la région. Selon les chiffres communiqués par Senouci Benkheira, cadre à la DSA, seuls quelque 73 000q de raisins auront été récoltés, soit bien moins que la moitié de ce qui était attendu uniquement pour les raisins destinés à la vinification. Les raisins de tables, essentiellement l'Aâdari et la Ferrana, avec près de 36 000q, arrivant juste derrière les vignes à cuve. Ces piètres performances représentent plus de 1 000 hectares de raisins de cuve et environ 4 000 hectares de raisins de table. Pour l'Administration, les rendements moyens auront chuté de plus de 80%. Cependant, alors que l'ONCV déclare avoir traité 8 600q qu'il aurait produits sur ses propres exploitations, les deux opérateurs VDO et GDO, à en croire nos sources, auraient engrangé respectivement 3 000 et 12 400q, soit un total pour les 3 intervenants de seulement 24 000q. Où sont alors passés les 13 000q manquants ? Certainement à la consommation comme c'est devenu une habitude depuis qui l'ONCV rechigne à traiter plus qu'elle ne peut stocker. Il apparaît également un grand écart dans les rendements des cépages de table qui représentent tout de même 4 000 hectares, soit 4 fois plus que les vignes à cuve. Est-il encore normal que les rendements moyens tournent autour de 4 à 10 q/hectare, alors que dans les pays émergeant les rendements dépassent largement 150q/hectare ? Des performances parfaitement réalisables dans d'autres régions du pays, dont les raisins envahissent depuis plusieurs années les étals mostaganémois.