Le retour inattendu des basses températures aura provoqué d'énormes dégâts sur la plupart des cultures, qu'elles soient maraîchères ou fruitières. Il suffit pour s'en convaincre de se rendre dans certaines exploitations de l'intérieur comme celle situées dans la plaine de Sirat, Bouguirat ou encore d'El Haciane. Cette région intérieure, connue pour ses terres basses que prolonge la plaine des Bordjias, laquelle débouche sur les marais de la Macta, renferme les terres les plus fertiles de la wilaya de Mostaganem. C'est ici que l'on rencontre la plus grande concentration de producteur de pomme de terre, d'oranges et surtout de grenades. Les cultures protégées y occupent également une part prépondérante. A l'instar de la tomate, du poivron et de la courgette qui est généralement cultivée en contre saisons sous des tunnels. Avec les amandiers et les abricotiers, qui sont les plus précoces à fleurir, ce sont surtout les grenadiers qui subiront de plein fouet les effets ravageurs de la gelée noire. Cette dernière est apparue en fin de semaine dernière à la faveur d'une accalmie survenue au niveau de la météorologie. C'est l'arrêt des chutes de pluie qui aura mis à nu le ciel, créant ainsi les meilleures conditions de survenue des gelées. Les températures excessivement basses durant la nuit, la disparition de la couverture nuageuse et l'absence du moindre souffle d'air sont les facteurs favorisants la survenue des gelées. Toutes ces conditions ayant été réunies, ce sont toutes les cultures sensibles, qui avaient été trompées par la douceur excessive du début du mois de mars, qui subiront les effets dévastateurs du gel. Ce seront des champs entiers de pomme de terre qui seront transformés en espaces lugubres. Les plantations les plus anciennes, qui étaient en phases de maturation de leurs tubercules, auront été quelque peu épargnées. Il n'en sera pas de même des cultures plus tardives, dont les jeunes pousses sortaient à peine du sol. Leur fragilité leur sera fatale. Un fellah de la plaine des Bordjias, qui avait omis de recouvrir ses plants de courgettes, ne pourra que constater les dégâts. Son champ qui venait d'entrer en production aura totalement noirci en l'espace d'une nuit. Apparemment, il n'aura pas été seul à subir les aléas d'un printemps trop froids, car la courgette qui se vendait au détail à moins de 40 Da aura atteint et parfois dépassé les 80 Da. Du côté des arbres fruitiers, et plus particulièrement des grenadiers qui sont une spécificité de la région, il n'est pas certain que les bourgeons floraux puissent être remplacés. Avec la mort instantanée des jeunes pousses, il est attendu que le rendement en grenades soit revu à la baisse. Face à ce cataclysme naturel, les fellahs concernés n'auront que la prière pour calmer leur douleur et amoindrir leur détresse.