Les localités bordant l'oued Sebaou se retrouvent face à un danger avéré. Depuis l'établissement du rapport préliminaire portant « protection de la nappe phréatique de l'oued Sebaou », par une commission d'enquête de l'APW, aucune action concrète n'a été menée pour éviter une réelle menace sur l'environnement et la nappe phréatique. La pollution par des déchets divers et l'extraction effrénée du sable continuent de causer des dégâts. Pourtant, plus de 80% de la population locale est alimentée en eau potable grâce aux forages effectués sur les nappes phréatiques de l'oued. Malgré un arsenal juridique établi suite aux nombreux rapports de l'APW, les pouvoirs publics n'arrivent pas à mettre un terme à une situation qui s'exacerbe d'une année à l'autre. De plus, l'historique du désastre remonte jusqu'à février 1990, lors du compte-rendu d'inspection effectué par le comité de lutte anti-sécheresse, en relation avec l'exploitation du tout-venant. Sur les sites visités par les chargés de l'enquête, la situation est inchangée, voire elle a empiré. Les infrastructures de l'hydraulique (DHW) et de la direction des travaux publics (DTP), se présentent sous le même aspect d'il y a 10 ans pour certaines. Les poteaux qui supportent les ponts se dénudent à vue d'œil, le sable a diminué de plus de 3 mètres à certains endroits. La passerelle de Sidi Namaâne, à l'ouest de Tizi Ouzou, à la lisière de la wilaya de Boumerdès, présente elle aussi les mêmes problèmes, en plus du rétrécissement du lit de l'oued. Les gabions qui soutenaient les berges de l'oued sont pour la plupart renversés et érodés du fait de l'exploitation du sable le long des berges. Ces dernières qui constituent des terres cultivables sont déstabilisées par l'inexistence de gabionnage à plusieurs endroits. Malgré l'interdiction de l'exploitation du sable par arrêté du wali de décembre 1991, les spéculateurs n'ont guère déménagé. Les tracteurs à benne et les camions continuent de sillonner les pistes étroites et sableuses. La dégradation de la couche protégeant la nappe phréatique, la pollution au phosphate, se répercutent inévitablement sur la qualité de l'eau pompée par les stations et accentuent le risque d'apparition de maladies à transmission hydrique. Les eaux usées menacent directement certains forages. A cela s'ajoutent divers agents pollueurs. Des éleveurs de bétail et de volailles ne se gênent pas pour jeter les cadavres d'animaux et œufs avariés dans l'oued, menaçant les rares espèces animales qui y vivent. Les responsables locaux de Tizi Rached on été mis en demeure à maintes reprises par la direction de l'environnement à propos des rejets d'ordures ménagères le long de la rivière, a indiqué le directeur de l'environnement. Pourtant, et à l'issue des investigations opérées par l'assemblée de wilaya, plusieurs recommandations ont été consignées dans le rapport d'enquête. Les pouvoirs publics sont interpellés pour user de tous les moyens de coercition pour mette fin à la menace qui plane sur l'environnement et les populations locales. Les textes de lois, les PV, les réunions des commissions ne sont plus suffisants. Le P/APC de Ouaguenoune, M. Belkhir, ex-P/APW et membre de la commission d'enquête, conclut : « C'est grâce à la providence, si rien ne s'est produit jusqu'ici ! »