Ayant engagé de nombreux projets de développement, la wilaya de Tizi Ouzou devra faire un choix difficile : protéger l'oued Sebaou en interdisant l'extraction de sable, ce qui hypothéquerait la réalisation des programmes inscrits, ou alors maintenir l'activité des sablières au risque de polluer la principale source d'eau potable de la wilaya. Un véritable dilemme, en somme. Si cette décision a réjoui les défenseurs de l'environnement qui, depuis près de 20 ans, n'ont cessé de mettre en garde les autorités locales et centrales, contre la menace d'une pollution irréversible du Sebaou qui fournit 80% de l'eau potable consommée par les habitants de la wilaya, ce n'est pas le cas de ceux chargés de concrétiser l'important programme de développement dont a bénéficié la région ces dernières années et à leur tête le wali. Ce dernier est pris entre le marteau et l'enclume. Mazouz El-Hocine qui a fait de 2007 l'année de l'environnement à Tizi Ouzou et qui n'a pas manqué à chaque fois que l'occasion se présente, d'afficher son inquiétude quant à la situation qui prévaut au niveau de l'oued Sebaou dont le risque de pollution est «imminent», selon les chercheurs et les professionnels du secteur de l'hydraulique à leur tête le directeur M. Abas, se retrouve entre deux choix difficiles : laisser mourir le Sebaou, ou arrêter le développement de la wilaya et stopper tous les chantiers ? D'ailleurs ces derniers fonctionnent actuellement au ralenti et risquent de s'arrêter. Le programme des logements ruraux est presque à l'arrêt et les particuliers qui ont bénéficié de l'aide de l'Etat pour construire leurs logements, commencent à grogner. Pourtant cette situation n'est pas sans solution. En effet, des carrières d'agrégats devaient être ouvertes et mises en exploitation depuis 2 ans. Un important gisement d'agrégat a été découvert à Sidi Naâmane et un autre pour la production de ciment à Maâtkas, mais l'opposition des habitants de ces deux localités a empêché leur mise en exploitation. D'un autre côté, le problème d'acheminement et d'utilisation d'explosifs est évoqué par les propriétaires des carrières. Faut-il alors sacrifier l'oued et autoriser les sablières à reprendre leur activité ? Selon un spécialiste du dossier Sebaou et fervent défenseur de cette ressource hydrique, le problème du Sebaou ne se situe pas au niveau des sablières qui sont contrôlées. Le volume de sable extrait par ces dernières, nous dit notre interlocuteur qui a requis l'anonymat, est régulé. La menace vient des exploitants non autorisés qui pullulent sur l'oued et qui activent la nuit. Ces derniers échappent à tout contrôle… Les précédentes APW de Tizi Ouzou qui ont consacré plusieurs sessions au dossier de Sebaou et mené des enquêtes qui ont mis en évidence la situation inquiétante au niveau de cet oued, n'ont pas hésité à parler de «mafia du sable…» Le Sebaou est-il condamné à être sacrifié sur l'autel du développement ? Que serait aujourd'hui le sort des habitants de la wilaya de Tizi Ouzou si le barrage de Taksebt n'était pas réalisé ? Beaucoup de villages n'auraient de l'eau qu'une fois par mois, voire pas du tout, car de nombreux forages sont asséchés ou pollués par l'infiltration d'eaux usées à cause du démantèlement de la couche protectrice de la nappe phréatique, qu'est le sable qui est un filtre naturel pour l'oued. Le dossier brûlant du Sebaou est loin d'être réglé.