L'introduction de la vaccination pour la prévention contre le cancer du col de l'utérus constitue aujourd'hui une nécessité, selon les spécialistes, pour tenter de réduire les taux effarants de cas enregistrés jusque-là. Le vaccin, qui est enregistré dans la majorité des pays d'Europe, aux Etats-Unis et dans certains pays d'Afrique, reste le seul moyen de prévenir cette maladie et a montré son efficacité à 100%. « Le fardeau annuel théorique qui atteint 75 milliards de dinars par an se réduira en introduisant la vaccination et le génotypage des HPV », a déclaré encore une fois le professeur Bouzid, chef de service d'oncologie au CPMC, lors de la rencontre consacrée à l'intérêt du dépistage et du génotypage des HPV dans la surveillance et le contrôle du cancer du col de l'utérus, organisée jeudi dernier à l'Institut Pasteur à Dély Ibrahim. Une déclaration qu'il a réitérée et qui pourrait peut-être faire décider le ministre de la Santé, Amar Tou, qui n'a pas validé l'enregistrement du vaccin pour être enfin introduit en Algérie. Pourtant, des réunions de consensus ont été organisées l'année dernière, mais l'Algérie reste encore réticente devant ce produit. D'autant que la vaccination est préconisée d'abord chez les petites filles à partir de l'âge de 13 ans. « Surtout, a expliqué le professeur Bouzid, l'infection HPV, qui est une maladie sexuellement transmissible, existe et elle est pérennisée. » Et d'indiquer que 3000 nouveaux cas du cancer du col de l'utérus sont recensés annuellement en Algérie. « Quelque 70% de ces cas du cancer du col, qui touche le plus de femmes après celui du sein, sont affectées par des papillomavirus humains (HPV), première cause du déclenchement de cette maladie », a-t-il déclaré en précisant que « huit femmes sexuellement actives sur 10 seront infectées au cours de leur vie, et 80% de ces femmes élimineront spontanément l'infection ». Il a souligné que 20 000 dollars sont nécessaires pour prendre en charge chaque malade dépistée. Plaidant pour l'introduction de ce vaccin, le professeur Zahra Saâdi, gynécologue à l'hôpital Mustapha Pacha, a indiqué que l'intégration du génotypage des HPV devra également réduire le nombre de cas atteints par le cancer, puisqu'il permettra de diagnostiquer plus efficacement des lésions au niveau du col qui sont responsables du cancer. « Jusqu'à présent, a-t-elle expliqué, le dépistage des lésions précancéreuses du col consistait en un frottis (prélèvement de cellules au niveau du col) pour analyse. » Elle a souligné que cette analyse classique devra être suivie par la recherche de virus qui sont la cause de ces lésions puis leurs analyses à travers le test HPV. « Avec l'aide de l'Institut Pasteur, nous préconisons de promouvoir ce test HPV en même temps que le frottis pour que le dépistage soit efficace », a-t-elle ajouté, en indiquant que cette opération, « malgré son coût élevé, réduira conséquemment le coût d'une prise en charge d'un malade atteint du cancer ».