L'émotion mystique et esthétique de Calcutta et Bombay a débarqué sur les rives du Tibre. Le coup d'envoi du festival est aussi indien avec la projection du film Elisabeth, The Golden age de Shekkar Kapur. Beaucoup de cinéastes à travers le monde rêvent sûrement de venir à Rome pour montrer leurs films. Rome : De notre envoyé spécial La ville éternelle a joué un grand rôle dans l'histoire humaine et dans l'histoire du cinéma. Ici, on est partout au cœur du cinéma. Business street, le marché du film, se passe sur la Via Veneto, la célèbre artère tant de fois filmée par Federico Fellini. C'est le maire de Rome, Walter Vetroni, qui veille sur le festival. Il a obtenu un investissement de 10 millions d'euros du secteur privé italien. La mairie, la région et la Lazio de Rome ajoutent 5 millions pour compléter le budget. Il y a comme un phénomène de foi dans le cinéma dans l'organisation de cette Fiesta de Rome. Les Romains y croient. Rome méritait ce festival. On dirait que le cinéma est un art synchrone de Rome. Il y a ce décor naturel de la ville, il y a les talents, l'expérience de Cinecitta, l'ordre et le désordre d'une cité maintes fois captés dans le champ des caméras. Au Parco della Musica, élégant ensemble de bâtiments réalisés par Renzo Piano, il y a foule dans les salles. Quelquefois, dès l'ouverture, c'est la marée humaine. Tous les cinéphiles italiens campent en ce moment à Rome. D'où cette irrésistible poussée vers les salles où passent des centaines de films venus du monde entier. Voici le programme : Youth without youth (jeunesse sans jeunesse), le nouveau film de Francis Ford Coppola participe aux réjouissances hors compétition. Avec Into the wild de Sean Penn, Rendition de Gavin Hood. Le cinéaste de Bosnie Danis Tanovic préside un jury populaire de 50 membres (cinéphiles, cinéclubs) qui juge les 14 films en compétition représentant 18 pays. Dans cette section se côtoient Carlo Mazaccurati (Italie), Abolfaz Jalili (Iran), Sergeï Bodrov (Russie), Ventura Pons (Espagne), Hector Babenco (Argentine), et d'autres... Quarante films de Raoul Ruiz au moins marqueront la rétrospective du cinéaste le plus exigeant, le plus prolifique de ces dernières années. On verra à Rome ces purs chefs-d'œuvre que sont La Ville des pirates, L'Ile au trésor, Les Trois couronnes d'un matelot. Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes, est venu à Rome pour montrer A Chacun son cinéma, le film collectif qu'il a produit pour la célébration du 60e anniversaire de Cannes, mais aussi pour rendre hommage à Anna Magnani. Il aurait été sacrilège de ne pas se souvenir de la divine actrice romaine. Un hommage solennel est rendu ainsi à la mère fondatrice du cinéma, à la « loupa romana », la louve romaine, allusion à l'histoire de la fondation de Rome. Pendant ces 10 jours d'octobre, Le Parco della Musica, ses spectacles de fiction, l'art scénique et musical de l'Inde, c'est le reflet de la passion, la communion cinéphile qui s'est emparée de Rome.