A quel moment peut-on déclarer qu'une politique de santé a atteint ses objectifs ? Ce sont bien sûr les indicateurs de santé qui définissent la réussite d'une stratégie telles la réduction ou l'éradication de maladies, la baisse de la mortalité d'une manière générale et de la mortalité maternelle et infantile en particulier. Ce qui constitue aujourd'hui, au niveau mondial, un indicateur essentiel dans le développement des populations. Est-ce le cas en Algérie ? Une légère baisse a été effectivement constatée mais elle reste encore insuffisante, selon les spécialistes. L'argument reste aussi insuffisant pour dire que l'Algérie a atteint ses objectifs de politique nationale de santé, contrairement aux déclarations de Amar Tou, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à l'occasion de la présentation hier de la politique nationale de santé axée sur trois aspects, à savoir la structure de la population, l'épidémiologie, le financement et le programme de développement. Le ministère de la Santé se félicite de la baisse de la mortalité maternelle qui a atteint 96 pour 100 000 naissances vivantes en 2007 et 24,7 pour 1000 pour ce qui est de la mortalité infantile, mais cette baisse demeure « insignifiante » lorsqu'on voit que des femmes décèdent suite à des hémorragies de la délivrance ou autres complications pourtant évitables. Il en est de même pour la mortalité infantile. C'est à ce niveau-là que l'on juge la qualité des soins qui dépend inéluctablement des moyens mis en place. Des efforts ont été néanmoins déployés par le ministère de la Santé à travers le programme national de périnatalité et de néonatologie, mais sa mise en œuvre semble prendre du retard. De grands services de néonatologie sont dépourvus de moyens les plus élémentaires (les couveuses). Le second volet abordé est la transition épidémiologique. Le directeur de la prévention, le professeur Ouahdi, s'est montré confiant en disant que certaines maladies à transmission hydrique (MTH) sont complètement éradiquées en citant le tétanos, la diphtérie, la coqueluche, la poliomyélite, le paludisme, mais il ne souffle pas mot sur la tuberculose qui continue à faire des ravages en Algérie avec un taux d'incidence de 52% (document remis à la presse), ce qui entraîne 20 000 cas par an, selon le rapport élaboré par l'Institut national de santé publique (INSP). Peut-on dire alors que tous les indicateurs se sont améliorés ? Non bien sûr, puisque les MTH sont toujours là avec des foyers endémiques qui subsistent dans certaines régions du pays et là on enregistre chaque année des centaines de cas de typhoïde (102 cas depuis 19 août 2007). Les maladies non transmissibles qui sont la cause de 60% des décès constituent le lourd fardeau auquel il faut faire face. Les maladies cardiovasculaires sont aujourd'hui considérées comme la première cause de la mortalité en Algérie. Elles nécessitent des obligations de prise en charge particulières. D'ailleurs, elles sont classées en tête de liste des pathologies nécessitant des transferts pour soins à l'étranger, lesquels ont été considérablement réduits au cours de 2006 et 2007 (-36%). Leur prise en charge pose un sérieux problème d'autant que des structures sont en nombre insuffisant, comme c'est le cas aussi pour le personnel spécialisé. A cet effet, un nombre important d'établissements spécialisés sont en cours de réalisation, mais en attendant, le nombre de malades augmente d'année en année, tels que les diabétiques, les cancéreux, les hypertendus, les insuffisants rénaux. La mise en place de la nouvelle carte sanitaire permettra, selon le docteur Bouakaz, directeur des structures de la santé, le renforcement des structures de différents types avec un net intérêt pour la santé de proximité. Le directeur des finances et des moyens, M. Dahmoune, a mis en relief l'évolution de la participation de l'Etat dans le financement de ce secteur, atteignant, selon le bilan chiffré qu'il a présenté, 76,70% pour le projet de la loi de finances 2008, contre 58% en 1999. Pour la répartition de la dépense nationale de santé (DNS), il a souligné que 42,08% proviennent du budget de l'Etat, tandis que 28,04% de la Sécurité sociale. Ce programme national est en fait basé plutôt sur les aspects quantitatifs que sur les aspects qualitatifs qui sont pourtant les facteurs déterminants d'une véritable politique nationale.