Des chiffres sur l'agression sexuelle en Algérie donnent froid dans le dos. Comment expliquez-vous, en tant que professionnel de la santé mentale, cette forme de violence ? Mon point de vue portera principalement sur la causalité scientifique. Il faut dire que la pulsion sexuelle revêt quelquefois une intensité telle qu'elle dépasse les capacités de l'individu, c'est-à-dire le moi raisonnable. Il y a un désir d'assouvir un besoin, c'est ce qui compte chez l'agresseur pervers. C'est le propre de certains sujets jeunes qui ont une caractéristique de la perversion. Il y a une agénésie de la conscience morale. On retrouve chez ces personnes de la pulsion et non pas de la contre-pulsion. C'est-à-dire absence de scrupules, de culpabilité et de remords. Chez un sujet normal, il y a la contre-pulsion sur le moi, par contre chez un névrotique, la conduite est altérée à l'intérieur. Elle est plutôt fantasmatique. Quelle est d'après vous l'origine de ces actes violents ? Il faut dire que ce n'est pas génétique et que c'est une fatalité biologique. D'autre part, il y a des aspects liés à la vie de l'individu à prendre en compte, à savoir les conditions dans lesquelles il a évolué. Je fais référence à son éducation. Cette violence s'explique aussi par la frustration vécue par ces individus. L'impossibilité de satisfaire une pulsion tout à fait normale dans le cadre d'une vie sexuelle équilibrée par le mariage est la première cause de ces comportements. D'ailleurs, le lien frustration-agressivité est souvent avancé. Généralement, c'est le fait d'une accumulation de pulsions et une sommation des énergies refoulées qui mènent vers ces actes violents. Comment peut-on justement aider à endiguer ce phénomène ? Il est, en premier lieu, important de casser le tabou lié à l'éducation sexuelle... Comme il est important d'insister sur l'instruction civique. Il faut agir sur ces points essentiels pour tenter de créer une conscience citoyenne. Le rôle de l'école est, de mon point de vue, primordial à ce niveau-là, laquelle sera aidée par les professionnels de la santé mentale. Il faut savoir que les délinquants sexuels récidivent et la juridiction chez nous est répressive.