Ghania Houadria, directrice générale d'Algérie Poste, a tenté hier d'expliquer que l'entreprise postale n'est pas responsable du manque de liquidités. Elle a renvoyé la balle avec subtilité à la Banque d'Algérie mais assure qu'elle reste « un partenaire incontournable ». Par cette sortie médiatique, elle entend solder ses comptes mais nullement verser dans la polémique. « C'est vrai qu'Algérie Poste est demandeur d'argent », précise-t-elle d'entrée « parce que toutes les institutions font obligation à leurs salariés d'ouvrir un compte CCP pour virer leurs salaires. On est une institution qui est comme un support aux autres institutions avec son réseau étendu sur tout le territoire national. Nous avons plus de 9 millions de comptes. Il y a eu un dispositif de mise en place de réseau de gros paiement et du système de paiement de masse. Nous avons adhéré à ce système, nous respectons le dispositif, à savoir que quand il faut demander de l'argent à la Banque d'Algérie, il faut le faire 24 heures auparavant et nous avons un code : toutes nos wilayas (recettes principales), si elles ne présentent pas ce code ne recevront pas d'argent. Nous faisons les demandes deux fois par semaine (le lundi et le mercredi) et la veille, on envoie nos prévisions par wilaya qui s'élèvent en général entre 10 et 12 milliards de dinars, si nous prenons la répartition par wilaya : le gros, c'est Alger, en général entre 100 millions et 500 millions de dinars, on est arrivés pendant le Ramadhan à 1,5 milliard. Alger a toujours été servie, par contre les autres wilayas ont connu des perturbations : Aïn Defla et Batna en dépit de plusieurs demandes n'ont pas reçu un centime. Boumerdès a été approvisionné d'Alger (transfert de Rouiba). Il faut savoir, insiste-t-elle que « l'argent nous vient sous forme de chèque ; la DGSN par exemple paie les policiers par chèque bancaire de la BNA et nous, on fait de la compensation : il y a un virement du compte de la BNA vers le compte CCP de la DGSN et on vire l'argent aux employés. Nous, on ne reçoit pas de l'argent, on est demandeurs par rapport aux autres banques ». Algérie Poste s'est modernisée et la comptabilité quotidienne sort par ordinateur : « Vous ne trouverez pas au niveau des chèques postaux des services manuels, nous avons 3300 bureaux de poste qui sont raccordés au réseau (95%), mais je peux vous garantir que si vous faites une opération de retrait, elle est comptabilisée en temps réel sur la base de données et votre compte est débité immédiatement. Ce qui n'est pas le cas dans les banques, donc je refuse qu'on laisse entendre qu'on n'utilise pas les moyens modernes », ajoutera-t-elle. Et pour mieux préciser sa pensée, elle poursuit : « Nous avons adhéré au système de paiement de masse, c'est-à-dire que quand quelqu'un vient payer par chèque, nous avons mis en place au niveau des bureaux des systèmes de scanner des chèques, on n'a plus à transmettre des chèques au niveau de la Banque d'Algérie pour être compensés. On le scanne, c'est l'image qui part avec les informations avant d'atteindre le stade du système de télécompensation mis en place par la Banque d'Algérie. » Concernant les pannes fréquentes des guichets automatiques de billets (GAB), elle les impute à 80% des cas à la mauvaise qualité du papier et au réseau. « Quand vous demandez une somme et les billets de 200 DA ne sont pas disponibles, le GAB vous refuse. Nous sommes en train de mener une opération pilote pour essayer de basculer définitivement. Nous avons mis les GAB sur le réseau satellite et sur un réseau IP (protocole de transmission à haut débit qui permet une meilleure fluidité et disponibilité). Nous avons obtenu une meilleure stabilité des GAB. On a connu des dysfonctionnements, notre réseau a été mis en service depuis mars 2007. On recevra 300 distributeurs qui seront installés selon le nouveau réseau », argumente-t-elle. Il faut savoir aussi qu'à 98% des cas, l'origine des billets de banque qu'Algérie Poste reçoit provient d'une seule institution : la Banque d'Algérie. La Banque d'Algérie est « un partenaire incontournable. Grâce à lui, nous avons contourné les problèmes réglementaires auxquels a été confrontée Algérie Poste et l'ont bloquée pendant un certain temps ».