Pour satisfaire la clientèle, le surplus de liquidités de certains bureaux est transféré vers d'autres offices en manque. Des chaînes à ne plus en finir, un monde fou, fou...dans les bureaux de Poste d'Alger et d'ailleurs. Cette fois-ci, ce n'est pas la sempiternelle panne d'ordinateurs. La raison est: «Pas de liquidités aux guichets». Un argument qui revient à chaque fois qu'il y a une échéance importante: Ramadhan, fêtes religieuses, rentrée scolaire, versement de la pension des retraités, départ des hadjis...ou tout simplement une fin de mois de labeur d'un smicar qui n'en peut plus d'être ballotté d'un office postal à un autre pour «quémander» son dû. Pour parer à cette situation loufoque, dans un pays qui dispose quand même d'assises financières confortables -en témoigne le montant de nos réserves- les bureaux de Poste disposant de surplus de liquidités font un transfert vers ceux qui sont en panne pour «améliorer la qualité des services d'Algérie Poste.» Mais jusqu'à quand le citoyen va-t-il subir ces aléas éprouvants à plus d'un titre? Voulant en savoir plus, nous nous sommes rendus à la direction d'Algérie Poste située sur les hauteurs du Télemly. Le chargé de la communication des Postes et télécommunications était absent (!). Une de ses collaboratrices affirme: «La Banque d'Algérie est responsable de cet état de fait. Elle ne satisfait pas aux demandes de fonds formulées par Algérie Poste.» Et d'ajouter: «Elle distribue des fonds parcimonieusement dirions-nous, vraiment au compte-gouttes.» En fait, cette précision rejoint les déclarations de la directrice générale d'Algérie Poste, Ghania Houadria. Cette dernière a été formelle. Dans une réponse écrite à la suite d'une demande d'explication sur cette situation plus que déplorable, formulée par un député du groupe parlementaire En Nahda, elle a souligné que «la faute incombe entièrement à la Banque d'Algérie qui n'a fourni cette année (par exemple) que 40% des besoins financiers des centres postaux.» Evidemment, si cette déclaration se vérifie, on comprendra les tensions et les impatiences des usagers d'Algérie Poste, lesquels font le «pied de grue» des heures durant devant les guichets. Le ministre avait cependant lui-même regretté que «le problème de rupture de stocks de liquidités n'est pas spécifique aux seuls lieux éloignés, mais qu'il se posait partout dans le pays.» Le chargé de la communication d'Algérie Poste avait confié à un confrère que «parfois, le taux de couverture chute jusqu'à 20% et qu'il arrive que les caisses des bureaux de Poste soient vides. Quelquefois, a-t-il ajouté, ces ruptures temporaires sont imputables aux receveurs de Poste qui ne prennent pas leurs dispositions». Dans un souci de confronter ces dires, on a tenté, en vain, de toucher un responsable de la Banque d'Algérie. Un cadre de cette institution nous a signifié que «seul le gouverneur peut répondre à cette interrogation» sur le manque de liquidités.