Hurtmut Elsenhans, professeur à l'Institut des sciences politiques de l'université de Leipzig, en Allemagne, estime qu'il n'y aura pas de grands bouleversements dans l'ordre international établi après la réélection de George W. Bush. Dans une conférence-débat animée mercredi soir au Centre international de presse (CIP), à Alger, le professeur Elsenhans revient sur les grandes questions qui préoccupent la communauté internationale. La guerre en Irak et le mensonge de la Maison-Blanche sur les armes de destruction massive, l'occupation de la Palestine et le conflit de Darfour sont autant de crises qui menacent la sécurité de la planète. Devant un parterre de journalistes et face à certains hommes politiques et des universitaires algériens « très curieux », le conférencier emprunte le langage scientifique en vue de donner sa perception sur « ce que serait » le monde après la réélection de Bush. Pour lui, il y aura un partage des tâches entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe, car il doit y avoir un rééquilibrage de la politique internationale entre les deux continents. Selon lui, à la faveur de ce partage des « missions », l'Europe s'occupera de tout ce qui est lié à la masse politique. Quant aux USA, ils auront à charge la sécurité de la planète. Ainsi, ce qui est évident, aux yeux de l'orateur, c'est « l'implication davantage des USA dans les conflits déchirant certaines régions du monde ». De ce fait, dira-t-il, il faut s'attendre à un engagement plus accru dans la guerre en Irak et la question palestinienne dans son nouveau contexte, marqué par la mort de la figure emblématique de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Dans le même ordre d'idée, M. Elsenhans estime que la politique de désarmement sera appuyée et suivie davantage par l'Administration Bush afin de se prémunir contre toute « attaque nucléaire ». « Les armes de destruction massive constituent aujourd'hui un éminent danger sur la sécurité de la planète. C'est pour cela que les USA vont tout faire pour limiter ces armes », a-t-il dit. Faisant un tour d'horizon sur les régimes tiers-mondistes et plus spécialement sur les monarchies arabes qui sont, a-t-il précisé, toujours très attachés à la rente, le conférencier souligne l'impossibilité d'arriver à « un monde homogène » tel qu'il est suggéré par les partisans de la globalisation. « Il y aura un monde qui se ressemblera dans beaucoup de ses dimensions, mais qui ne sera jamais homogène », a-t-il souligné. Le professeur Elsenhans, spécialiste de l'Algérie et auteur de nombreux ouvrages sur le tiers-monde, parle également d'une autre forme d'organisation qui commence à s'installer un peu partout dans le monde : celle des alliances régionales. Ces alliances seront renforcées davantage dans le cadre global de la mondialisation. M. Elsenhans ne doute pas du rôle des pays arabes, surtout ceux de la rive nord du bassin méditerranéen, dans la nouvelle politique internationale. Avec cette conférence de M. Elsenhans, le CIP a clos mercredi dernier ses soirées ramadhanesques sur les USA et la politique internationale, avec la collaboration de l'Institut national démocratique, la Fondation Friedrich Ebert et les quotidiens El Khabar et El Watan.