L'Algérie est un pays très difficile, vu d'en bas mais aussi vu d'en haut. En gros, il y a deux approches de gouvernance. La première est du genre Abdelaziz Belkhadem, assistant de direction, qui applique en général les ordres globaux, gère administrativement le consensus et signe les chèques sans faire de vagues. L'autre est du genre Ahmed Ouyahia. Un peu plus audacieuse, plus soviétique, assistée par ordinateur, plus radicale mais avec autant d'erreurs, elle est plus méprisante mais fondée sur une approche plus franche des problèmes. Pourtant, on le sait, les deux approches sont en fait les mêmes dans le fond, résultats d'équilibre de clans et comme le dit lui-même Ahmed Ouyahia, le tout sous la pression des lobbies, qui « activent dans le but de détruire l'économie nationale », selon l'ancien chef du gouvernement. Si l'on peut se demander pourquoi il n'a pas combattu ces lobbies, on peut souligner que contrairement à son successeur, au moins, il en parle. Si chacun a en tête une phrase ou une action d'Ahmed Ouyahia, personne ne se rappellera d'un mot de Abdelaziz Belkhadem parce que tout simplement, il ne dit rien. Il y a pourtant des points communs entre eux. Ils n'aiment pas trop les libertés et les autonomies, et couvrent les dérives du système. Si l'un arbore une marque au front en signe d'appartenance, l'autre affiche ouvertement son penchant pour la discipline militaire et le modèle économie de casernes. Aucun des deux n'a réglé le problème du chômage, du logement, de l'économie, de la faiblesse du dinar ou de la violence. Et quand Ahmed Ouyahia critique l'annulation de la loi qui interdit aux entreprises publiques de déposer de l'argent chez le privé, il oublie que c'est sous son gouvernement que Khalifa s'est enrichi. Alors, tous les mêmes ? Presque. Quelle approche choisir ? La question est ridicule, qui a dit qu'on avait le choix ?