Le SG du FLN se prepare a l'affrontement final Dans la peau d'un président Ali Benflis a eu à s'exprimer, hier, lors de la conférence de presse qu'il a organisée au siège de son parti (à Hydra) sur toutes les questions de l'heure. Evoquant la question du mouvement putschiste de “redressement” piloté par le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, le patron du parti majoritaire a laissé entendre que cette structure ne peut aucunement inquiéter son parti. “Le mouvement de redressement est un mouvement artificiel, créé de toutes pièces dans un laboratoire, et comme tout ce qui est artificiel, par définition, il ne peut pas durer et avoir de l'avenir”, a-t-il asséné. Cette structure putschiste qui tente de pousser à l'invalidation du VIIIe congrès du FLN, n'est pas de nature à contrarier les projets du parti de Benflis. La raison en est que “le FLN se porte bien et il n'y a pas de crise en son sein”, expliquera l'orateur devant la nombreuse assistance. “Le FLN est une formation qui a un secrétaire général, un bureau politique, un comité central, 54 mouhafadhas, 1 700 kasmas. Le FLN est présent partout et à travers les institutions élues locales et nationales.” Comme un autre signe de bonne santé du parti majoritaire, le leader du FLN souligne que “jamais au grand jamais, le FLN n'a eu autant de sympathie surtout depuis qu'il a été victime d'agressions (par les partisans du Président)”. Deux conceptions opposées Le conflit opposant Ali Benflis au Président-candidat “n'est pas un conflit de personnes”. C'est ce qu'a expliqué, hier, le patron du parti majoritaire. “On voudrait, en effet, à travers certains canaux, faire croire à l'opinion publique qu'il s'agit là d'un problème de fauteuil et d'un problème de leadership”, relève Benflis tout en assenant sur un ton des plus résolus que “C'est faux !”. Ce sont deux conceptions diamétralement opposées entre lui et le président. “Au FLN, nous sommes le progrès, l'avenir, la modernité.” “Pour nous, le magistrat, le député, le maire, le wali et le garde-champêtre sont libres et indépendants. Nous ne voulons pas d'une concentration des pouvoirs.” Dans la conception du parti majoritaire, l'administration, c'est le service public et rien d'autre, dira-t-il. Le même topo vaut aussi pour l'ensemble des grands services public de l'Etat : “Le service public de la justice, le service public de l'enseignement, le service public des affaires étrangères doivent être au service des citoyens et rien d'autre.” Benflis ciblera dans la foulée Abdelaziz Belkhadem : “Le ministère des Affaires étrangères est un grand service public. Il doit travailler pour donner la meilleure image qui soit de l'Algérie.” “Il ne s'agit pas pour lui de demander aux militants du FLN de protester contre la direction de leur parti”, assène-t-il. L'autre vision, complètement opposée à l'orateur, est celle du Président-candidat. Elle consiste, notera-t-il, à dire que “c'est moi le ministre, c'est moi le gouvernement, c'est moi le Parlement, c'est moi la justice, c'est moi le maire, c'est moi le garde-champêtre”. “C'est une conception du passé et éculée”, commente-t-il, car concentrant les pouvoirs en créant ainsi les conditions d'une véritable crise institutionnelle. Congrès extraordinaire samedi prochain Le FLN tiendra, samedi prochain, son congrès extraordinaire pour désigner son candidat à l'élection présidentielle d'avril 2004, a annoncé Ali Benflis. À propos du mouvement putschiste tentant d'empêcher la tenue de ce rendez-vous, Benflis indiquera que “le FLN est un parti de militants. Les militants ont décidé de tenir leur congrès extraordinaire, donc, ils le tiendront”. Les autres, expliquera-t-il, ce sont des chargés de missions qui ne feront qu'obéir aux injonctions. Et si le ministère de l'Intérieur ne délivre pas d'autorisation pour la tenu du congrès extraordinaire ? “Le congrès extraordinaire, c'est une étape organique dans la vie d'un parti politique, il peut se tenir au siège du FLN, ou dans une mouhafadha sans que nous soyons obligés d'informer ni le ministère de l'Intérieur ni aucune autorité officielle. C'est une affaire interne au parti.” “Toutes les dispositions ont été prises pour que le congrès se tienne”, dira-t-il. Benflis assume son passé avec Bouteflika “J'assume pleinement le passé que j'ai eu”, dira Benflis à propos de son implication dans le soutien au président Bouteflika. “Oui, j'ai été directeur de campagne électorale et j'ai même participé à l'élaboration du programme de l'élection de 1999, j'ai été directeur de cabinet et Chef de gouvernement”. Il expliquera sa démarche en disant : “Je pensais qu'en ma qualité d'ancien directeur de campagne, une fois arrivé à la chefferie du gouvernement, j'aurais plus de possibilités et de prérogatives que mes prédécesseurs. Malheureusement, j'ai fait une erreur d'appréciation.” Le FLN ne participera pas à une mascarade électorale Le FLN refusera de participer à une élection présidentielle frauduleuse. C'est ce qu'a laissé entendre, hier, Benflis : “Le FLN est un parti sérieux et ne participera qu'aux entreprises sérieuses. Il ne participera pas à tout prix à quelque chose qui pourrait être une mascarade.” Il soulignera qu'au moment opportun, il entamera des discussions avec les partis politiques pour que “la prochaine échéance se passe dans la sérénité et la transparence”. Le parti refuse l'intervention de l'armée Le secrétaire général du parti majoritaire refuse l'intervention de l'armée dans les attaques dont fait l'objet le FLN. “Le FLN est un défenseur de l'idée selon laquelle l'armée ne devrait pas intervenir dans le champ politique”. “Nous sommes pour que l'institution militaire joue son rôle tel que défini à travers la Constitution.” La Kabylie Le patron du parti majoritaire a réitéré, hier, son appel maintes fois lancé pour un véritable dialogue avec la Kabylie. “J'appelle encore une fois, aujourd'hui, à la tenue d'un dialogue sincère et sérieux entre les différentes parties.” Selon Ali Benflis, “il n'y a pas de archs radicaux ou modérés” pour lequel “il faudrait réunir au plus vite toutes les parties concernées, y compris les partis politiques pour aboutir à une solution définitive à la crise en Kabylie qui perdure”. La presse Ali Benflis a exprimé, hier, encore son choix pour la liberté d'expression en Algérie. “Nous voulons une société où l'on garantit la liberté d'expression”, dira-t-il, arguant que “sans liberté d'expression, il n'y a pas de démocratie”. “Nous militons pour une société de libertés”, précisera-t-il encore. Aussi, Ali Benflis, qui a eu à se solidariser avec les titres de la presse indépendante, frappés de suspension le 18 août dernier, martèlera qu'à “travers les attaques contre la presse, c'est toute la démocratie qu'on veut atteindre”. Contre la réconciliation avec les assassins La réconciliation nationale aux yeux du leader du FLN est la réconciliation de l'Etat avec ses citoyens. Comment ? “Il faut que les institutions soient plus légitimes, que les grands services publics soient au service des citoyens, que l'on réponde aux doléances et aux revendications de la population”, expliquera le SG du FLN tout en soulignant : “Il n'est pas question de se réconcilier, de dialoguer ou de se concerter avec les assassins et les tueurs.” “Ceux qui ont pris les armes contre les Algériens ne peuvent pas être de nous, ils sont à combattre.” Nadia Mellal Ali Benflis attaque frontalement le président “Bouteflika menace les acquis du peuple” Le candidat du FLN, qui n'attend que l'approbation du congrès extraordinaire, a dénoncé les “actions menées à l'instigation d'un Président-candidat dont toute la démarche est édictée par la prochaine élection”. C'est un secrétaire général du FLN déterminé, sûr de lui et engagé qui a animé, hier, une conférence de presse, la première depuis le début des attaques contre la direction nationale et le VIIIe congrès du parti. Ali Benflis ne mâche pas ses mots. Droit au but. D'emblée, il rappellera au parterre des journalistes de la presse nationale et internationale : “Notre pays s'est engagé depuis maintenant plus d'une décennie dans un processus de construction démocratique qui a été nourri par d'incommensurables sacrifices consentis vaillamment par le peuple.” Les acquis engrangés par les Algériens dans ce domaine sont aujourd'hui “mis en danger par des comportements irresponsables, et des actions menées à l'instigation d'un Président-candidat dont toute la démarche est édictée par la perspective de la prochaine échéance présidentielle”, lancera Ali Benflis sur un ton tranchant et serein. Pour lui, “c'est dans ce cadre que s'inscrit la campagne qui vise la liberté d'expression”. Dénués de langue de bois, comme il a tenu à le préciser au début de son intervention, les propos du chef du FLN ne prêtent à aucune nuance sur les évènements que vit le parti depuis mars dernier. “Autant par conviction personnelle que par attachement à l'idéal de liberté, nous refusons et nous condamnons, dit-il, de telles pratiques.” “Nous sommes convaincus qu'on ne peut pas parler de démocratie en l'absence de la liberté d'expression”, ajoutera Ali Benflis qui estime qu'“à travers le complot fomenté contre le parti du FLN et mis en exécution par de hauts responsables de l'Etat réduits pour la circonstance à un rôle d'exécutants, ce sont les acquis démocratiques, les fondements du pluralisme politique et la stabilité de nos institutions qui sont visés par des agissements qui relèvent d'une époque irrémédiablement révolue”. Le réquisitoire de l'ancien Chef de gouvernement est aussi juste que dur. “Triste est l'image qu'on veut offrir de notre pays, à travers l'utilisation abusive des moyens de l'Etat en violation flagrante des lois de la République, par ceux-là mêmes qui sont censés veiller à leur application”, soulignera Ali Benflis. Et d'ajouter : “Grand est le discrédit porté à l'autorité et à la crédibilité de l'Etat quand certains walis s'évertuent à déstabiliser les assemblées locales élues par le peuple, quand des associations sont utilisées comme alibis pour couvrir un coup de force politique qui ne dit pas son nom et qui plus est bénéficie d'une couverture outrancière par le service public de l'information.” Le parti du FLN, ses élus et ses militants, déclare Ali Benflis, “subissent actuellement une véritable stratégie d'agression à l'effet de domestiquer et d'annihiler leur volonté, parce qu'on les accuse d'avoir commis ce que certains appellent comme un crime de lèse-majesté pour le simple fait d'avoir revendiqué l'autonomie de leur formation politique”. Par sa stature de présidentiable, le chef du FLN explique que, “contrairement à ce qui a été, quelquefois, dit et écrit, la problématique que connaît la scène politique nationale ne peut être réduite à un antagonisme entre les personnes, à un problème de leadership”. Ce serait là “une vision réductrice de la situation”, estime Ali Benflis, qui précise : “Nous sommes en réalité en présence de deux visions complètement différentes du mode de gouvernance de la société.” Le FLN, affirme-t-il, est “porteur d'un projet de libertés, de démocratie et de progrès pour l'Algérie. Il est résolument pour l'avènement d'une société qui consacrera la liberté d'expression, la séparation des pouvoirs et le fonctionnement harmonieux des institutions”. Le candidat Benflis, qui n'attend, en fait, que le quitus du congrès extraordinaire qui aura lieu samedi prochain, a donné, hier, une esquisse de son programme politique de présidentiable. “Son projet est, selon lui, celui d'une “société de solidarité qui conjugue l'efficacité économique et la justice sociale”. Pour l'ancien Chef de gouvernement, “le complot qui vise la démocratie dans notre pays cherche à départir l'administration de son devoir de neutralité, de tenter de limiter les prérogatives du pouvoir législatif et à mettre la justice aux ordres. Voilà les dangers qui guettent notre pays et qui exigent de nous tous un sursaut salvateur pour que l'Algérie ne soit pas victime des appétits effrénés de pouvoir”. Le secrétaire général du FLN estime, en effet, que “l'heure est grave”. Au-delà de son parti, souligne-t-il, “c'est la quintessence du combat libérateur mené par le peuple algérien et ce sont ses luttes héroïques contre le terrorisme barbare qui sont la cible finale de ceux qui sont prêts à toutes les compromissions pour concrétiser le seul projet qui revêt un caractère vital à leurs yeux, en l'occurrence s'assurer le maintien au pouvoir, même au détriment de la pérennité des institutions de l'Etat”. Le parti du FLN, ajoutera son premier responsable, se sent “dans l'obligation morale et politique de contrecarrer ce dessein, avec la conviction d'accomplir une action de sauvegarde et de protection de l'édifice du peuple algérien”. Ali Benflis, qui se dit “pleinement conscient que ce sentiment est largement partagé par des forces multiples au sein de la société”, appelle “à une forte mobilisation et à une vigilance de tous les instants pour préserver les acquis démocratiques arrachés de haute lutte par les Algériens”. Le candidat à la prochaine élection présidentielle, qui n'a pas encore annoncé solennellement ses intentions, a fini son intervention sur une note d'optimisme qui renseigne tant sur son assurance et sa détermination en disant que “l'espoir en des lendemains plus radieux est plus que jamais de rigueur”. Saïd Rabia Un homme discret à la conquête d'El-Mouradia Dans les travées de l'Assemblée populaire nationale (APN), il marchait à tâtons. Discret, taciturne, le député de Batna tente, à sa façon, d'imposer encore ce respect dont il bénéficie grâce à sa réputation d'“homme brave et correct”. Mais, en politique, la bravoure et l'honnêteté se font parfois altérées, même temporairement, par la compromission, ou du moins la controverse. Comme donc ce parcours agité accompli avec ou à l'ombre (c'est selon) du président de la République actuel. Ali Benflis, 59 ans, candidat potentiel du FLN à la présidentielle de 2004, doit aujourd'hui regretter son association avec Abdelaziz Bouteflika. Car même si pendant la première moitié du chemin, il s'est merveilleusement évité les feux de la rampe, il a fini par se dévoiler, s'exposer et, inévitablement, se livrer à la critique. En acceptant de remplacer Ahmed Benbitour au poste de Chef de gouvernement, en août 2000, il a épuisé une partie du crédit qu'il tente désormais de récupérer à la faveur de sa marche partisane vers les cimes d'El-Mouradia. Le doux oiseau de jeunesse que semblait être l'enfant de Batna s'est transformé, sous les bonnes grâces d'un front vivant encore de sa gloire passée, en challenger combatif, car averti et résolu. À l'aide de ses pairs du parti — certains y voient aussi la main des barons “réfractaires” du régime ? —, il s'est joué de celui dont il a été successivement, et non sans frais du reste, directeur de campagne, chef de cabinet et, enfin, Chef du gouvernement. Furieux, le Président a tout de suite orchestré la contre-offensive, organisant, sans succès pour le moment, un renversement de situation à l'intérieur du FLN. Dans son Annuaire politique de l'Algérie, Rachid Benyoub qualifie Ali Benflis de “fervent militant de l'Etat de droit”. Ce qualificatif qui peut paraître emphatique, cadre avec la réaction, en 1991, du ministre de la Justice qu'il fut. Face à l'internement dans les camps du Sud, notamment à Reggane, de militants et des sympathisants du FIS dissous, il a, en effet, décidé de claquer la porte du gouvernement Ghozali, invoquant le droit de recours à la justice pour les personnes concernées. Quelques années auparavant, il participait à la création de la Ligue algérienne des droits de l'Homme ; une ligue qui défiait un parti incarnant le régime totalitaire de l'Algérie d'avant-octobre 1988. Un parti dont il devient, aujourd'hui, le secrétaire général contesté. Contesté, mais s'apprêtant inéluctablement à obtenir, haut la main, le quitus pour la campagne présidentielle du printemps prochain. Lyès Bendaoud Le FLN adopte une stratégie différente de celle de 1999 La petite phrase de Benhamouda C'est sur instruction des Tagarins que le vieux parti s'était mis au service de la première candidature de Bouteflika. Cette année, la donne a changé. “J'ai reçu les instructions d'en haut.” Par cette petite phrase, qui traduit néanmoins quelque chose de profond quant à la nature perverse du système politique algérien, Boualem Benhamouda, alors secrétaire général du FLN en 1998, justifiait devant l'opinion tombée des nues, la décision du parti de soutenir la candidature de Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle de 1999. Tout le monde fut dérouté par de tels propos qui constituaient alors un virage à cent quatre-vingt degrés. Si bien que le premier responsable du FLN s'est cru devoir s'en défendre. “Je ne trouve pas l'utilité ni le besoin de donner de l'importance à ce genre d'accusations fabriquées contre un parti comme le notre, dont le rôle de leader actif sur la scène politique ne peut que lui permettre de prendre ses décisions en toute souveraineté. Si je parle de ma personne, du moment que je suis personnellement visé, je dirai que Boualem Benhamouda n'est pas du genre à recevoir des directives” , affirmait-il alors. Ces justifications, contenues dans un entretien accordé le 5 avril 1999 au Jeune Indépendant, n'ont convaincu personne, à commencer par leur propre auteur qui reconnaissait en privé qu'il avait bel et bien reçu des instructions de la part de l'institution militaire en vue de mettre l'appareil du FLN au service de la candidature de Bouteflika sur lequel les décideurs avaient jeté leur dévolu, comme “le candidat le moins mauvais” . Avant que l'institution militaire ne tranchât, Boualem Benhamouda avait l'illusion que le parti avait la latitude de désigner, en toute souveraineté, son propre candidat. Il était même question, après “une tournée des popotes” dans plusieurs wilayas, histoire de mesurer sa cote de popularité, d'être, himself, celui qui défendrait les couleurs de l'ex-parti unique. Le temps pour lui de s'apercevoir qu'il ne faisait pas le poids face à des poids lourds de la trempe de Hocine Aït Ahmed, Taleb El-Ibrahimi, Mouloud Hamrouche. Suite à quoi, Benhamouda avait laissé entendre que le FLN pouvait soutenir la candidature de Youcef El-Khatib, lequel croyant à ce soutien, s'est jeté prématurément dans l'arène pour se retrouver, au moment de la campagne électorale, sans parachute et sans appuis. C'est que pour Boualem Benhamouda, qui avait un vieux compte à solder avec Bouteflika, il n'était pas question que ce dernier ait l'extrême onction du FLN pour la présidentielle 1999. Mais, c'était compter sans le pouvoir discrétionnaire des décideurs qui voyaient dans “l'homme du consensus” l'alternative. Ce dernier, pour accepter de se mettre en ordre de bataille, avait exigé le soutien du FLN. Et le pauvre chef du FLN, qui s'est rendu compte qu'il ne pesait pas dans la balance, n'avait qu'à s'exécuter. Ce qu'il fera, la mort dans l'âme, le mercredi 16 décembre 1998, en conviant, à l'hôtel Sables d'Or de Zéralda les 239 membres du comité central à plébisciter la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Tous les dinosaures du parti étaient présents à cette grand-messe, sauf, pour l'histoire, Mohamed Salah Yahiaoui. Soutenu par l'armée et cautionné par le FLN, Bouteflika était enfin sûr de prendre sa revanche sur l'Histoire, après l'avoir raté deux fois en 1978 et en 1994. Pris de vitesse, le RND avait considéré la décision du FLN comme un “coup de poignard dans le dos”. Le parti majoritaire, issu de la fraude historique de 1997, qui avait entre-temps dégommé le truculent Ben Baïbeche, partisan de la candidature de Zeroual où, à défaut Betchine, se voyait privé de la “primeur” du soutien à Bouteflika, qui avait déjà dans son staff Mohamed Maghlaoui. Après le soutien du FLN et son clone, en plus de celui des décideurs, les autres organisations satellitaires du pouvoir n'avaient plus qu'à suivre. uatre années, l'homme du consensus a eu le temps de brûler par les deux bouts tout ce formidable capital de sympathie. Résultat des courses : il a perdu à jamais ses appuis au sein de l'armée et du FLN, les deux machines qui lui ont permis en 1999 d'être le septième président des Algériens. N. Sebti Le Wali de Chlef mis en cause par deux élus FLN Dans deux communiqués adressés séparément à notre bureau, le député FLN Abdelkader Touhami, et le P/APW (FLN) de Chlef, M. Hamid Kouider Samet, mettent en cause le wali de Chlef dans la crise qui secoue actuellement l'assemblée de wilaya. Ils citent notamment le premier responsable de la wilaya qui reste — selon eux — à l'origine du complot visant à déstabiliser l'APN, et aussi à provoquer le départ du même P/APW. Les deux élus s'indignent fortement “de ce comportement qui nuit beaucoup à la bonne marche des institutions publiques et au développement local”. Ils affirment dans leur document aussi que Le wali a transgressé les lois de la République en encourageant et en planifiant des démarches hostiles, et ce, avec la complicité de quelques élus dissidents. Le P/APW insiste, pour sa part, sur l'origine du conflit qui, d'après ses dires, est lié plutôt à un désaccord sur la manière de gérer les affaires de la wilaya. AHMED CHENAOUI Le mouvement de redressement compte sur le refus de zerhouni d'autoriser le congrès extraordinaire du FLN La dernière carte des putschistes Branle-bas de combat au sein du mouvement de redressement du FLN : dès l'annonce, hier, par Ali Benflis de la tenue du congrès extraordinaire du parti, pour samedi prochain, qui, on n'en doute pas, sera consacré essentiellement au plébiscite de sa candidature à la prochaine échéance électorale, la structure que préside Abdelaziz Belkhadem est sur la brèche. Une réunion “d'urgence” est convoquée pour les tout prochains jours pour arrêter une “réponse appropriée” à la démarche de Benflis et qu'on se plaît à qualifier “d'irresponsable” dans l'entourage du mouvement. Comment ? Miser sur le refus de l'administration de délivrer une autorisation aux partisans de Benflis. “Nous souhaitons que l'administration ne va pas délivrer l'autorisation nécessaire”, affirme l'ex-député et néanmoins l'un des animateurs du mouvement, Si Affif, joint, hier, par téléphone. Cette structure a-t-elle reçu des garanties dans ce sens ? “Nous avons déposé une plainte au ministère de la Justice et une autre au ministère de l'Intérieur, il y a quelques jours (mardi dernier, ndlr), et nous attendons la réponse. Cela, sans compter à l'évidence les centaines de milliers de recours des militants”, déclare Si Affif. Autant Benflis assimile le mouvement à un “ramassis” de chargés de mission, autant Si Affif s'interroge sur l'identité des militants sur lesquels le patron du FLN doit s'appuyer pour organiser le congrès extraordinaire. “Benflis a perdu la majorité. La base militante et des centaines d'élus locaux ont rejoint le mouvement. Plus de 70 députés nous ont rejoint. Lors de la journée parlementaire, il n'y avait que 110 députés. En dépit de tout ce qui se passe dans le parti, il projette d'organiser un congrès extraordinaire. Avec qui ? Pourquoi ? Pour qui ?”, s'interroge-t-il, non sans ajouter : “Si c'est pour annoncer sa candidature, les militants ne peuvent pas cautionner une telle démarche.” “Il peut présenter une candidature libre, mais pas au nom du FLN”, estime-t-il. Selon lui, la démarche du premier responsable du FLN est “irresponsable”. C'est “une fuite en avant”, dit-il. Comme pour étayer ses propos, il rappelle que certains membres du comité central, qui ont rejoint le mouvement de redressement, dont notamment Boulesnane et Benthabet (Saïda), ont écrit une lettre, avant-hier, au secrétaire général du FLN lui demandant “la réconciliation”, demande à laquelle Benflis a opposé une fin de non-recevoir. Autre argument : le refus de Benflis d'évoquer la crise politique qui secoue le FLN, lors de la conférence de presse d'hier. “Il s'est abstenu de ne parler que des résolutions du VIIIe congrès. Cela prouve qu'il est à cours d'arguments. Il fallait qu'il s'explique sur les milliers d'adhésions à notre mouvement et sur la crise politique”, estime-t-il. Le fait que Benflis reste sourd aux appels au dialogue, à la réconciliation pour corriger “les dérapages du VIIIe congrès” et “dépasser la crise” traduit, selon Si Affif, que le secrétaire général du FLN obéit à “des injonctions” à l'intérieur de l'appareil du FLN. “Je le regrette, mais Benflis reste l'otage d'une aile radicale de personnalités partisanes qui ont de tout temps contrôlé le FLN et qui ne sont guidées que par des visées politiciennes”, explique l'ex-député qui ne manque pas d'ajouter : “Notre appel s'inscrit dans le souci de consacrer la démocratie.” Si Affif refuse pour autant de préciser l'identité de cette “aile”. Sur un ton comminatoire, il impute à Benflis toutes les conséquences qui peuvent découler de l'organisation d'un congrès extraordinaire. “Benflis assumera toutes les conséquences qui en découleront, notamment dans la division au sein des rangs du FLN”, avertit-il. En guise de conclusion, il annonce que le mouvement de redressement organisera son congrès dans quelques semaines. Et de lâcher cette phrase lourde de sens : “Si ça ne tenait qu'à moi, on l'organisera ce jeudi. Toutes les dispositions sont prises…” KARIM KEBIR