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Abdeljaoued Saâd. Président de l'Association des concessionnaires automobiles d'Algérie (AC2A) « Contribuer à remettre de l'ordre dans le marché de l'automobile »
Abdeljaoued Saâd, directeur général d'Algérie Motors (importateur et distributeur exclusif de BMW en Algérie), s'est vu confié récemment la présidence de la toute nouvelle Association des concessionnaires automobiles d'Algérie (AC2A), qui regroupe 26 concessionnaires algériens. Dans cet entretien, il aborde la problématique de la réorganisation du marché algérien de l'automobile, tout en mettant en évidence le rôle que l'AC2A est appelée à tenir afin de contribuer à remettre de l'ordre dans ce secteur. La création de l'association des concessionnaires vient-elle en réaction aux mises en garde formulées dernièrement par le ministre du Commerce à l'endroit des intervenants sur le marché automobile ? L'idée de la création de l'association des concessionnaires n'est pas liée aux propos du ministre du Commerce. C'est une idée qui remonte, en fait, à cinq ans, mais qui n'a pu être concrétisée avant, faute d'un nombre suffisant d'adhérents. Ce n'est donc que maintenant qu'on a pu mettre en place notre association avec l'adhésion de 26 intervenants du marché de l'automobile. Quel rôle entend tenir votre association dans la démarche de réorganisation du marché de l'automobile ? La vocation de l'AC2A est de s'ériger en force de proposition et d'interface des pouvoirs publics ainsi que des différents organismes de contrôle, afin de contribuer à la réorganisation du marché de l'automobile. Il sera ainsi question d'établir au sein de notre association une charte à travers laquelle les concessionnaires seront tenus de respecter un minimum d'exigences, aussi bien en matière de contrats de vente, de sécurité et de qualité des prestations. La finalité est de parvenir à satisfaire au mieux les besoins des consommateurs. Une nouvelle réglementation est actuellement en cours d'élaboration en vue de réorganiser le marché de l'automobile. Comment appréhendez-vous cette démarche ? En effet, un projet de décret est actuellement en cours de préparation sous l'égide du ministère du Commerce. Une réunion est d'ailleurs programmée pour la mi-mars entre l'AC2A et les cadres du ministère en question. L'ordre du jour sera bien sûr le projet du nouveau décret devant régir l'activité des concessionnaires, distributeurs et revendeurs de véhicules. C'est un décret qui devra induire de l'ordre sur le marché de l'automobile. Il devra permettre en outre de clarifier les relations entres les autorités compétentes d'une part et les intervenants du secteur de l'automobile d'une autre part. Des manquements en matière de service après-vente sont souvent reprochés aux concessionnaires... Il faut d'abord dire que le service après-vente fait partie des obligations des concessionnaires envers leurs clients. Aussi, au niveau de notre association, nous comptons établir un cadre à travers lequel on garantira un minimum à respecter par l'ensemble des concessionnaires en matière de service après-vente. Dans une étape ultérieure, nous comptons arriver à ce que tout concessionnaire fasse nécessairement partie de l'AC2A pour pouvoir s'installer sur le marché, à l'image des conseils de l'ordre pour certaines professions. Qu'en est-il des retards dans les délais de livraison des véhicules commandés par les clients ? Les délais de livraison des véhicules que les concessionnaires donnent à leurs clients peuvent parfois être prolongés en raison d'aléas liés notamment au transport à partir de l'étranger, surtout à partir d'Asie. Il arrive ainsi que le véhicule commandé soit livré après deux mois au lieu d'un mois, parce que le bateau n'est pas arrivé à temps. Cela ne dépend pas des concessionnaires. Cependant, pour veiller au respect des droits des consommateurs, nous comptons surtout œuvrer au niveau de notre association pour la transparence dans les relations entres les concessionnaires et les consommateurs. Aussi, pour ce qui est des délais de livraison, les concessionnaires doivent surtout veiller à ce que leurs clients soient informés en toute transparence. Les véhicules neufs vendus par les concessionnaires en Algérie répondent-ils aux normes de fabrication requises ? Il y a beaucoup d'idées fausses quant aux normes de fabrication des véhicules neufs importés sur le marché algérien. Il faut savoir avant tout que les véhicules que nous importons sont à la fois conformes aux normes requises et adaptés aux particularités du marché algérien, tant en ce qui a trait à la qualité du carburant utilisé en Algérie qu'aux conditions de température, à la poussière et autres éléments. Il faut dire également que pour une même chaîne de fabrication, les véhicules que fabrique un constructeur automobile ne peuvent qu'être de mêmes normes. Ce qui doit par contre être précisé par le concessionnaire aux clients, c'est le lieu de fabrication du véhicule importé, de façon à lui laisser le choix d'acheter ce qu'il veut. Comment expliquez-vous l'absence de tout intérêt chez les concessionnaires quant à investir dans le montage de véhicules en Algérie ? Il faut être réaliste. L'activité de montage de véhicules en Algérie ne peut démarrer que si elle peut offrir un avantage par rapport à l'importation de véhicules neufs. Le jour où l'Etat dégagera une différence en ce sens à travers des mesures incitatives, on pourra voir des gens s'intéresser à l'industrie automobile, au montage et à la fabrication de pièces de rechange. Pour notre part, nous allons essayer d'aider, au niveau de notre association, à rendre l'activité de montage attractive, en proposant aux pouvoirs publics des solutions d'encouragement et en dressant des statistiques pour permettre de mieux cerner les besoins du marché algérien de l'automobile. L'organisation d'un marché pour la reprise des véhicules d'occasion par les concessionnaires est-elle à l'ordre du jour ? Nous avons l'intention d'introduire une demande auprès des pouvoirs publics en vue d'obtenir un grand terrain où pourront se regrouper tous les concessionnaires automobiles. Ceci nous permettra d'envisager de faire de la reprise des véhicules d'occasion (VO), car il faut qu'on parvienne à faire des échanges et de la récupération des véhicules d'occasion. Aussi, le terrain en question est nécessaire, parce que pour faire de la reprise de VO, il faut retaper les véhicules récupérés et pouvoir les remettre sous garantie afin de les revendre. Or les VO ne peuvent être revendus sur catalogue comme c'est le cas pour les véhicules neufs. Ce pourquoi il faut nécessairement un grand terrain pour pouvoir les exposer. Ceci dit, du fait de la disparition des véhicules importés de moins de trois ans, la situation va nécessairement se développer dans le sens de la reprise de véhicules d'occasion par les concessionnaires. A combien est estimé actuellement le marché algérien de l'automobile en termes de valeur ? Le marché algérien de l'automobile compte actuellement une trentaine de concessionnaires installés, dont 26 font déjà partie de notre association. En termes de valeur, ce marché est estimé actuellement à quelque 1,3 milliard de dollars. Les concessionnaires automobiles évoquent souvent l'existence de certaines contraintes quant à l'organisation du Salon de l'automobile. Qu'en est-il exactement ? Il faut aujourd'hui s'atteler à concevoir une meilleure organisation du Salon de l'automobile. Il est nécessaire en ce sens d'adapter la périodicité de cette manifestation, c'est-à-dire de réfléchir à l'organisation d'un salon de l'automobile une fois tous les deux ans et avec plus d'envergure. Actuellement, ce n'est qu'à la dernière minute que les espaces d'exposition sont désignés, ce qui ne nous laisse guère le temps de nous y préparer. Or il faut s'y prendre huit à dix mois à l'avance pour pouvoir s'y préparer convenablement. De ce fait, l'association des concessionnaires entend apporter son expertise et œuvrer en concertation avec la SAFEX pour une réorganisation du salon de l'automobile.