Les chutes de pluies automnales qui se sont abattues dernièrement sur la capitale ont été, on n'en disconvient pas, salvatrices et abondantes, gonflant nos barrages de cette précieuse denrée destinée entre autres à nos foyers. Dieu merci pour la généreuse manne céleste. Mais ce qui est désolant, c'est le spectacle qui nous est donné à voir, comme de coutume, à chaque averse, à travers les artères, rues, ruelles et venelles qui mettent à nu la gestion d'une cité qu'on a tendance à clochardiser au fil du temps. On ne peut, dès lors, ne pas défier celui qui ose nous contredire sur l'image hideuse qu'offre Alger, une wilaya dont les responsables avancent, pompeusement, que 85% du plan d'action tracé en 2002 ont été concrétisés. Un mandat achevé et un programme presque bouclé, certes, mais dont le résultat et l'efficacité laissent à désirer. Trop criant est le décor pour ne pas s'en apercevoir lorsque piétons et automobilistes ont peine à se frayer un chemin au milieu des trombes d'eau, des mares et autre gadoue, générées par la terre glaise charriée par les interminables ouvrages en chantier, congestionnant les avaloirs qu'on se presse de curer qu'après coup. Pas avant. Trop évident pour ne pas constater l'absence de canaux d'évacuation servant de drainage et placés autrefois de part et d'autre de la chaussée dans la plupart des rues d'Alger. Les regards obstrués et les caniveaux de réseaux divers enterrés sans dalle deviennent des réceptacles d'une eau dormante. Trop patent pour ne pas remarquer les trottoirs dont le revêtement lépreux et médiocrement réalisé vous surprend lorsqu'il pleut. Vous ne pouvez effectuer une dizaine de pas sans être surpris par les éclaboussures qui jaillissent par-dessous vos pieds. Les colonnes d'évacuation des eaux pluviales éventrées qui serpentent le long des immeubles ne manquent pas de vous arroser au passage. Cela dégorge de partout et il faudra que le quidam fasse de la gymnastique pour enjamber les gravats charriés par les ruisselets qui se répandent dans le plat de la chaussée dont le niveau du bitumage est plus haut que celui du trottoir ! Voilà une ville, une capitale avec ses espaces publics qu'on s'escrime gauchement à exhiber au touriste. Une mégalopole qu'on continue à engoncer dans son manteau au blason terni.