Les députés se pencheront aujourd'hui en séance plénière sur l'examen de deux projets de lois d'orientation relatifs à l'éducation nationale et à la formation et l'enseignement professionnels avant de les soumettre au vote le 11 novembre. La loi d'orientation sur l'éducation nationale est toutefois contestée par les responsables du CLA. Ces derniers considèrent que ce texte de loi n'est pas un simple réaménagement centré sur le contenu des programmes, mais un processus global qui vise une refonte profonde de l'institution scolaire. Cette réforme qui a commencé en 2003-2004, rappellent les membres de ce syndicat, a déjà adopté une nouvelle organisation qui s'applique simultanément aux trois paliers : 1er et 2e cycles du primaire, 3e cycle fondamental et enseignement secondaire. Cette situation a engendré deux cursus différents, le nouveau et l'ancien régimes au primaire, au moyen, au secondaire et à l'université. La raison essentielle de la présence de deux cohortes concomitantes est due à la réduction d'une année au primaire et l'ajout d'une année au collège. Ces facteurs, d'après le CLA, ouvrent une longue période de transition s'étalant jusqu'à l'année 2015. Dressant un constat de la situation actuelle, les responsables du syndicat estiment que cela fait cinq ans que simultanément la réforme s'applique au primaire, au moyen et au secondaire et aucun bilan sérieux n'a été établi. De ce fait, la loi d'orientation sur l'éducation qui sera discutée par les députés vient consacrer un fait accompli : différents décrets ont été promulgués officialisant les conditions de recrutement des enseignants et leur mobilité, la décentralisation des centres de décision et de gestion ainsi que les restructurations des différents paliers de l'éducation. Des dispositions ont été prises pour introduire une privatisation rampante de l'enseignement technique, la disparition des lycées techniques et une marchandisation du livre scolaire. Les « contenus des programmes sont toujours déterminés de manière idéologique », affirment les responsables du syndicat de l'éducation. Dans cette perspective, ces derniers regrettent que le débat sur la nouvelle orientation de l'éducation n'ait pas été élevé à un véritable débat de société. La société civile est mise devant le fait accompli et les institutions de la République ont été contournées. Toutes ces raisons altèrent les perspectives de sortie de crise du système éducatif. La question de la qualité de l'enseignement doit être liée, selon les enseignants du CLA, au caractère d'égalité de droit devant les études par le subventionnement des livres par l'Etat et la mise à la disposition de moyens didactiques à tous les établissements scolaires. Cependant, le désengagement de l'Etat dans l'éducation ces dernières années accentue le taux de déperdition et le tri social. « Si le discours formel maintient le droit à l'enseignement et l'égalité des chances en matière de conditions et de poursuite des études après l'enseignement fondamental, la réalité des déperditions scolaires et du tri scolaire montre que nous nous acheminons vers une sélection sociale qui touchera les enfants des catégories populaires », tonnent les responsables du CLA qui mettent en garde contre le discours contradictoire sur la protection des jeunes. « L'orientation forcée précoce vers la formation professionnelle concourt à l'abandon d'un haut niveau d'instruction pour tous, tirant vers le bas aussi bien l'enseignement technique que la formation professionnelle », rapportent les responsables du CLA, qui préconisent d'associer les enseignants dans l'élaboration d'une stratégie éducative et des programmes qui réhabilitent le travail en tant que facteur d'émancipation et de modernité.