Un projet de deux milliards de dinars a été affecté pour la réalisation d'un gazoduc pour la partie nord de la wilaya de Tizi Ouzou, a-t-on annoncé, la semaine dernière, dans une réunion de l'exécutif de wilaya consacrée au secteur. Ce projet est destiné à « boucler, arroser et sécuriser la wilaya en matière d'approvisionnement en gaz naturel », a-t-on souligné lors de la réunion. Le « bouclage » sera réalisé grâce, note-t-on, à la connexion avec le gazoduc déjà existant, passant par la partie sud de la wilaya. Les deux canalisations vont se raccorder près de Fréha, à Ouarkik. L'alimentation se fera alors dans les deux sens, a-t-on promis, permettant ainsi un transport régulier du gaz même en cas de rupture sur l'un des deux gazoducs. Les projections sont de nature à réjouir la population, qui attend depuis des décennies à être soulagée de la corvée de la bouteille de gaz. L'alimentation optimale en gaz naturel annoncée avec enthousiasme reste virtuelle, et à titre illustratif, le lieu prévu pour le poste de connexion entre les deux gazoducs, à Ouarkik, est actuellement occupé par un promoteur en bâtiment qui entrepose des agrégats de l'oued. Ce problème a été signalé lors de la réunion, et devra être pris en charge quand le chantier arrivera sur site. Pour l'heure, le chantier est mis en place à Bordj Menaïel, dans la wilaya de Boumerdès, où seront lancés les travaux. « Le bull est sur site », a indiqué l'un des responsables du projet, signalant que l'ordre de service a été notifié à Kanagaz. D'une longueur de 62 km, le gazoduc chevauchera deux wilayas : Boumerdès (16 km) et Tizi Ouzou (46km). Il raccordera six localités (Tadmaït, Sidi Naâmane, Makouda, Boudjima, Timizart, Fréha). 12 500 foyers seront alimentés, a-t-on indiqué. Le taux de raccordement qui était de 10 % dans la wilaya de Tizi Ouzou est passé à 25%, et atteindra 60% à terme. Ce sont les chiffres donnés par l'administration au cours de la réunion. Les responsables n'ont jamais manqué d'optimisme dans l'annonce des chiffres. Mais sur le terrain, les chantiers piétinent plus qu'ils n'avancent. Dans une localité aussi importante que Azazga, côté sud, les travaux n'ont pas bougé d'un iota depuis bientôt un an. L'on apprendra que le DP (poste de détente) de Cheurfa-Boubroun affiche un taux d'avancement de 17 et 32%. Les deux lots devaient être livrés en septembre dernier, mais l'ordre de service a été notifié en mars pour un délai de 6 mois. Les contrats ont été résiliés et Cosider a repris le chantier, mais les travaux sont à l'arrêt depuis septembre en raison d'un « manque de tubes ». Les tubes vont arriver, a-t-on déclaré lors de la réunion de travail. Rendez-vous est pris pour l'année prochaine pour savoir si les travaux ont bougé et si l'hiver 2008 sera encore passé avec des bouteilles de gaz. Dans ces conditions, le taux de raccordement de 60% escompté par l'administration paraît difficile à réaliser en moins d'une décade, et le taux actuel de 25% est sujet à interrogation. L'administration nous prépare déjà un méga retard dans la livraison du gazoduc, puisqu'elle annonce que le tracé passe sur 317 propriétés privées et seulement 2 terrains communaux. Une façon de dire que c'est une gageure de livrer le gaz dans les temps. Pour expliquer la contre-performance de la wilaya de Tizi Ouzou, les responsables citeront le cas du DP de Beni Douala où 85% du tracé seraient l'objet d'opposition des citoyens. Une véritable énigme pour ces citoyens qui attendent, transis de froid, l'arrivée du gaz, et n'hésitent pas à barrer la route aux canalisations. Il a fallu déployer des trésors de « non-communication » pour arriver à un tel résultat.