Après la disparition de Arafat et la désignation de Mahmoud Abbas, de son nom de guerre Abou Mazen, comme successeur potentiel à la tête de l'Autorité palestinienne, les Israéliens ne semblent pas plus enthousiasmés que ne le laisseraient croire des déclarations optimistes notamment dans certains milieux occidentaux... Le ton adopté par Tel-Aviv une fois les successeurs de Abou Ammar connus, aussi bien au niveau de l'organisation Fatah que de l'OLP, donne, s'il est besoin, un aperçu de ce qui attend les Palestiniens. Aussi bien le gouvernement d'Ariel Sharon que l'opposition travailliste du Likoud, représentée par Shimon Pérès, préfèrent attendre et voir ce qui va se passer du côté des Palestiniens, laissant entendre qu'aucune concession ne sera faite par les Israéliens. La confirmation de cette attitude n'a pas tardé puisque le ministre des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, à partir de Tel-Aviv, a clairement affirmé qu'il s'opposait à ce que les Palestiniens de Jérusalem-Est puissent voter le 9 janvier prochain pour la désignation du président de l'Autorité palestinienne. Les Israéliens soufflent donc le chaud et le froid pour ce qui est aussi bien des relations dans l'immédiat avec la résistance palestinienne que dans le cadre plus global des futures négociations pour l'instauration d'un Etat sur les territoires palestiniens dans le cadre des Accords de paix conclus entre Arafat et Rabin sous la présidence américaine de Bill Clinton. Le parachèvement de ces accords avait achoppé, on s'en souvient, sur le statut d'El Qods considérée par les Israéliens comme « leur capitale » et sur lequel ils n'entendaient pas céder le moindre pouce. Le mandat de Bill Clinton s'est achevé sur ce demi-échec. Aujourd'hui, ou plus exactement vendredi dernier, son successeur, George W Bush, a « émis le vœu » de voir l'Etat palestinien voir le jour à côté d'Israël avant la fin de son mandat, avant janvier 2009. Réussira-t-il là où le démocrate Bill Clinton a échoué en 2000 ? Le président américain compte sans doute sur les changements nés après la disparition de Arafat et surtout des pressions qui seront sans aucun doute exercées par les Israéliens sur les nouveaux dirigeants palestiniens. On se rappelle que Bush s'est pratiquement aligné sur la même position à l'issue de la rencontre tripartite de juin à Aqaba en faisant endosser à Yasser Arafat l'échec de cette rencontre à laquelle participait Mahmoud Abbas en tant que représentant de l'OLP. Pour l'instant, Tel-Aviv avance comme préalable à la reprise des négociations avec les Palestiniens leur acceptation et l'application de la feuille de route du quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne et Onu). Parallèlement, le bouclage des villes palestiniennes de Cisjordanie se poursuit et Ariel Sharon entend maintenir sa politique de « bantoustanisation » des Palestiniens en poursuivant la construction du « mur de la honte » qui est censé selon lui « sécuriser Israël ». Pour l'instant donc, aucun indice ne permet de supposer un quelconque fléchissement dans la position israélienne, d'autant que le gouvernement de Sharon est lui-même dans une situation politique interne assez difficile, débordé quelque peu par son extrême droite opposée à son plan de démantèlement des colonies à Ghaza et en partie en Cisjordanie. Tous ces facteurs seront sans doute pris en compte par l'Administration américaine qui dépêchera dans les prochains jours le secrétaire d'Etat dans la région. Colin Powell a remis hier sa démission au président Bush et jusqu'à hier soir on ne connaissait pas le nom de son successeur. Une inconnue qui deviendra, avec le choix du nouveau secrétaire d'Etat, un facteur de plus dans cette équation complexe du Proche-Orient.