George Bush a invité Abou Mazen à la Maison-Blanche. Après avoir obtenu l'investiture de Abou Mazen, les Américains et les Israéliens veulent convaincre la communauté internationale de ne plus traiter avec le président de l'Autorité palestinienne. Le patron de la Maison-Blanche a annoncé la couleur en invitant le nouveau Premier ministre palestinien à Washington, mais sans Yasser Arafat. En effet, en réponse à une question relative à la venue de Abou Mazen seul aux Etats-Unis, George Bush a répondu : “Oui, absolument”, ne laissant aucun doute sur son intention de mettre à l'écart Yasser Arafat. Les Américains ne veulent pas s'arrêter à ce stade, puisqu'ils demandent dans un appel lancé aux gouvernements européens d'ignorer le président de l'Autorité palestinienne. Cette requête n'a cependant pas eu l'écho espéré par la Commission européenne qui a opposé une fin de non-recevoir, vendredi, à la demande US. “Arafat reste le président de l'Autorité palestinienne et le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)”, a déclaré le porte-parole du commissaire européen aux relations extérieures, Chris Patten. “Qui nous contactons, ou qui nous ne contactons pas, c'est notre affaire”, a affirmé le porte-parole de la Commission européenne, Reijko Kemppinen, en soulignant que l'UE avait “l'intention de maintenir le dialogue avec l'Autorité palestinienne”. Ce refus ne semble pas déranger outre mesure les Etats-Unis qui semblent déterminés à ne plus avoir affaire au président de l'Autorité palestinienne, comme le montre la condition posée par Colin Powell pour effectuer une visite en Israël et en Palestine la semaine prochaine. Le secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères exige que la nomination de Mahmoud Abbas soit entérinée par le Parlement palestinien comme préalable à la venue dans les deux pays. L'itinéraire définitif de la tournée de Colin Powell dans la région ne sera arrêté qu'en fonction de l'investiture du gouvernement d'Abou Mazen. C'est de cette opération que dépend la publication officielle de la feuille de route du quartette, contenant le plan de paix prévoyant la création par étapes d'un Etat palestinien d'ici à 2005. Le chef de l'Autorité palestinienne a, au cours d'une communication téléphonique avec le Premier Ministre britannique, Tony Blair, demandé la publication et la mise en application immédiate de ce document. Ceci dit, la mission de Mahmoud Abbas s'annonce des plus difficiles, en raison de son engagement à cesser la lutte armée sans avoir rien obtenu du côté israélien. C'est ce qu'a laissé entendre le député palestinien Zyad Abou Zyad. “Sa mission est quasi impossible, car comment stopper la violence sans un minimum de contrepartie politique ?”, a déclaré le parlementaire avant d'ajouter que les groupes radicaux, notamment le Hamas et le Jihad islamique, feront tout pour torpiller ses efforts. Ce point de vue est partagé par d'autres personnalités palestiniennes, qui estiment que Tel-Aviv doit au moins geler la colonisation et sortir son armée des territoires autonomes comme le réclame la feuille de route pour conforter Abou Mazen dans sa tâche. Car tant qu'Israël ne fait rien dans ce sens, les groupes palestiniens ne cesseront pas la violence. Démission de Thomas White Le secrétaire américain à l'Armée de terre, Thomas White, 59 ans, un ancien vice-président de la société en faillite de courtage en énergie Enron, a démissionné avant-hier, a annoncé le département de la Défense. Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, l'a remercié pour les services rendus au pays, selon un communiqué qui ne précise pas pourquoi Thomas White démissionne, pas plus que la date à laquelle ce départ deviendra effectif. M. White, qui a eu des différends publics avec M. Rumsfeld, était à son poste depuis le 24 mai 2001. Ancien général (il a quitté l'armée en 1990) et vétéran de la guerre du Vietnam, il avait notamment plaidé en faveur d'un programme d'artillerie coûteux (11 milliards de dollars) pour l'armée de terre que le ministre de la Défense a, en définitive, décidé de supprimer.