Elle vient de mettre en place un nouveau dispositif d'étude et de suivi de toutes les requêtes portant sur des infractions sur la qualité des produits, les pratiques commerciales douteuses, la concurrence déloyale et le comportement de ses représentants sur le terrain des opérations. Les consommateurs, commerçants, représentants de la société civile, collectivités locales, élus et autres organisations professionnelles sont concernés par cette démarche qui vise également à rapprocher le citoyen de l'administration représentative du ministère du Commerce. Cette initiative bien accueillie par les citoyens intervient au moment où un grand nombre de questions se posent sur l'existence d'associations locales de défense des droits du consommateur. Bien que dûment agréée depuis plusieurs années par la wilaya, cette association, dont le siège et les membres sont une grande inconnue pour le public, donne l'impression d'exister uniquement sur le papier. « On nous a dit que l'association de défense des droits du consommateur existe, mais où est son siège et comment ou par quel moyen la contacter ? On nous a même affirmé que le ministre du Commerce lui a octroyé une subvention conséquente. Pour quoi faire puisque cette association n'active pratiquement pas jusqu'à preuve du contraire ? », argumente Sabrina G., une mère de famille dont le fils avait été gravement blessé par un jouet importé, acquis auprès d'un commerçant à Annaba. Cette absence d'activité d'une association incontournable dans la gestion du quotidien des citoyens s'est répercutée sur le comportement des victimes des pratiques commerciales frauduleuses ou incompatibles. Cette situation est confirmée par les 42 plaintes enregistrées durant les neuf précédents mois par les services de la wilaya de Annaba. « Ce dispositif devrait inciter les consommateurs à réagir lorsqu'ils sont victimes d'une pratique commerciale illégale. Ce qui nous permettrait d'intervenir, y compris dans le comportement de nos agents, et de prendre les dispositions nécessaires. Nous espérons que cette démarche rétablira la confiance entre notre administration et le public », a indiqué Mounir Cherchar, inspecteur régional adjoint. Outre une meilleure sensibilisation du public à la législation commerciale et aux prérogatives des directions de wilaya et celles régionales du commerce (DRC), les requêtes des citoyens seront d'un apport inestimable dans la gestion du commerce local. Les informations collectées feront l'objet d'un suivi systématique et serviront de base à la prise de décision ou de sanction. Durant les neuf premiers mois de l'année, la DRC a enregistré quelques dizaines de requêtes (42 à Annaba, 34 à Tébessa) seulement sur l'ensemble du territoire sous sa compétence regroupant 8 wilayas. Quels que soient les premiers résultats, cette opération est appelée à être poursuivie avec une application stricte des dispositions prévues à partir du début 2005. « Les associations de protection du consommateur sont absentes sur le terrain. Depuis l'ouverture du marché algérien au commerce extérieur, des produits de qualité douteuse ont été introduits. Les consommateurs sont les premières victimes. La pièce détachée pour véhicule, les produits cosmétiques, électroménagers, les jouets pour enfants... sont des commerces où il y a le plus grand nombre de victimes. Aussi paradoxalement que cela puisse paraître, aucune victime ne se plaint. Même les élus du peuple censés défendre les intérêts de leur population ne sont jamais intervenus sur la question », a ajouté notre interlocuteur. Un autre cadre de la DRC a affirmé que les associations de protection des consommateurs ne se manifestent que pour demander la subvention. « En 2003, les aides accordées par l'Etat à ces associations variaient entre 400 000 et 1 million de dinars. En 2004, cette aide a chuté de moitié sans qu'aucune association réagisse, car elles sont inexistantes sur le terrain », a-t-il argu menté.