C'est dans la magnifique baie du golfe de Alghero, ville catalane de la Sardaigne, que le sommet bilatéral algéro-italien se tiendra aujourd'hui, sous des mesures de sécurité exceptionnelles, et aura pour principal objectif la signature de l'accord de réalisation du deuxième gazoduc Galsi qui devra relier l'Algérie à la Sardaigne. La lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine seront également traitées par les ministres compétents. Alghero (Sardaigne). De notre envoyée spéciale Les habitants de la ville balnéaire de Alghero, la localité sarde du littoral du nord-ouest la plus espagnole, ne cachent pas leur grande surprise face à l'imposant dispositif de sécurité déployé dans leur ville depuis hier. Même la salle de presse n'échappe pas au contrôle vigilant des agents des forces de l'ordre ; une patrouille de la police munie de chiens dressés au dépistage des substances explosives passe plusieurs fois par jour entre les tables de travail. Le féerique front de mer de Alghero a été fermé à la circulation routière et une grande partie du centre de la localité touristique également. L'aéroport militaire de Alghero a été entouré d'un impressionnant dispositif de sécurité en prévision de l'atterrissage et du décollage de l'avion du président Abdelaziz Bouteflika. Et pour réduire au minimum tout risque, les services de sécurité ont passé au peigne fin, durant les mois derniers, le parcours qui sera traversé par le cortège présidentiel de Bouteflika, allant jusqu'à s'informer sur les habitants des maisons situées en bord de route. Ce qui a fait dire à plusieurs vieux résidants de Alghero que leur ville n'avait pas connu un événement historique aussi prestigieux depuis l'époque de 1500, lorsque le roi Charles V s'y était réfugié, fuyant Alger avec toute sa flotte, pour s'abriter d'une terrible tempête qui avait surpris son expédition manquée contre le corsaire turc Kheireddine Barberousse. Car cette rencontre de haut niveau entre le président du Conseil italien, Romano Prodi, et le chef de l'Etat a mis en ébullition toute la côte nord-ouest de la Sardaigne. Le président de la région de la Sardaigne, Renato Soru, et le maire de Alghero, Marco Tedde, qui accueilleront aujourd'hui Bouteflika au Palazzo civico, considèrent cette visite officielle comme un événement significatif pour leur région, relativement enclavée. Et c'est pour sceller davantage le traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération entre l'Algérie et l'Italie signé lors de la visite d'Etat de l'ancien président de la République italienne, Carlo Azeglio Ciampi, à Alger en 2003, que cinq ministres feront le voyage avec Prodi de Rome à Alghero. Le ministre de la Défense, Arturo Parisi, le seul Sarde investit d'un poste ministériel, s'entretiendra avec Bouteflika, alors que son collègue chargé du développement économique, Pierluigi Bersani, rencontrera le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, et le ministre chargé de l'industrie et de la promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. Et c'est aux deux chefs de la diplomatie, Mourad Medelci et Massimo D'Alema, qu'incombera la mission de résumer la teneur du sommet Bouteflika-Prodi ainsi que le contenu des accords bilatéraux qui seront signés par les autres membres de la délégation. En accueillant Bouteflika avec faste, puisque Prodi sera à l'aéroport militaire de Alghero pour attendre son invité, c'est la sécurité énergétique de leur pays que les Italiens visent à asseoir. Le chef de l'Etat italien, Giorgioi, était lundi à Doha, où il a finalisé un important accord pour l'importation de gaz liquéfié du Qatar. « Ce pays du Golfe sera le troisième fournisseur en énergie gazière de l'Italie dès 2008 », s'est-il félicité devant la presse de son pays. Par ailleurs, le groupe pétrolier Eni s'est lancé dans plusieurs chantiers d'exploration et d'exploitation de pétrole au Kazakhstan. Espérant toutefois que ce sommet de Alghero mettra sur rails la locomotive des travaux de réalisation du gazoduc Galsi. Il en sera plus que temps, après les moult déboires du frère cadet de Enrico Mattei, le premier gazoduc reliant l'Algérie à l'Italie.