Pour avoir refusé, en guise de protestation, de dîner lundi soir, la direction régionale des œuvres sociales a purement et simplement fermé les restaurants des deux campus que compte El Tarf. Les étudiants, en grève pour des raisons parfaitement compréhensibles, n'ont donc pas mangé depuis deux jours. On compte déjà plusieurs évacuations vers l'hôpital. Les différentes rencontres entre le DOU et les 7 organisations estudiantines n'ont abouti à rien de positif. Le conflit se radicalise et s'enlise. Hier encore, dans la soirée, à l'issue d'une ultime et vaine rencontre, les grévistes ont occupé la voie publique en veillant toutefois à ne pas fermer la circulation. C'est d'avoir cherché à trop en faire pour séparer les filles et les garçons que tout a commencé. Un zèle peu commun pour appliquer une décision non écrite de Bouteflika. On a mis toutes les filles à la cité des 1000 Lits et tous les garçons à celle des 500 Lits. Et comme l'entrée de la résidence de l'un des sexes est interdite à l'autre, il y a la moitié des étudiants d'El Tarf, soit 1000 personnes, qui à midi doivent faire l'aller-retour en bus entre les deux campus, faire la queue au resto pour pouvoir manger. Tout cela en moins d'une heure. Un parcours de fous qu'il faut ajouter aux conditions de vie déplorables dans les campus. Depuis samedi, les étudiants sont donc en grève et exigent en premier lieu la présence d'une commission ministérielle pour remédier à cette situation et étudier les vrais motifs qui lui ont donné naissance. A un moment, on a rouvert les deux restos à tous mais pour les refermer aussitôt. C'est après cet épisode un peu curieux que les étudiants ont refusé de se nourrir lundi soir. Hier matin, les étudiants, qui ont attendu la clôture du séminaire sur la biodiversité, ont barré le chemin aux travailleurs et aux enseignants qui se rendaient au centre universitaire. Ils parlent de hogra car on ne les considère pas mieux que du bétail qu'il faut parquer ici ou là. « On n'a pas été consulté sur des questions qui, statutairement, exigent une large concertation », relève un responsable d'association. Par ailleurs, impossible de mettre la main sur le directeur des œuvres universitaires. Nous l'avons pisté à la trace pendant trois jours sans résultat. Insaisissable. Il ne répond ni au téléphone ni au SMS. Les étudiants ont parfaitement raison de dire qu'il refuse de communiquer.