Les étudiants du centre universitaire d'El Tarf entrent dans leur deuxième semaine de grève et leur cinquième jour sans restaurant à la cité des 500 lits. Celui des 1000 lits est ouvert mais uniquement pour les filles. Les garçons sont punis. « Pas de repas tant que les cours n'ont pas repris », leur a-t-on dit. Une huitième organisation estudiantine a rejoint le mouvement de protestation. Hier, dès 6h, les grévistes ont bravé toute la journée une pluie harcelante et un vent glacial pour tenir des piquets devant la direction des œuvres universitaires et barrer l'accès au campus des filières scientifiques qui abrite aussi les services de l'administration du centre universitaire qui sont paralysés. Les responsables des organisations estudiantines sont très remontés par le mépris affiché à leur égard par les pouvoirs publics. Selon eux, le directeur de l'Onou n'est pas un homme de dialogue et de concertation, car toutes les propositions avancées ont été rejetées. Ils font maintenant de son départ un préalable et exigent la présence d'une commission ministérielle pour trouver une issue. « Sans cela, ont-ils déclaré, nous allons déclencher une grève de la faim collective. » Ils ont également tenu à préciser quelques points importants, car « contrairement à ce que colportent l'administration et ses relais locaux, ce n'est pas de mixité dont il s'agit dans nos revendications. Il suffit de lire nos pétitions et nous avons suffisamment insisté là-dessus pour qu'il n'y ait pas la méprise que nous redoutions. Ce que nous dénonçons, c'est l'usage fait et le prétexte avancé de cette séparation des filles et des garçons souhaitée par Bouteflika pour empoisonner davantage la vie dans les cités d'El Tarf. En appliquant aveuglément le vœu du Président sans se soucier des conséquences sur l'hébergement, la restauration et le transport, on se retrouve jusqu'à cinq dans des chambres prévues pour deux et on nous contraint à sauter le repas de midi pour ne pas rater les cours. Il y a 720 étudiants pour une résidence qui ne peut en contenir que 500 dans des conditions extrêmes. Il n'y a pas de lits, pas de matelas, pas de couverture, pas de douches, encore moins de tables de travail et d'armoires. Ils n'ont pas préparé la rentrée et lorsqu'ils l'ont fait c'est dans la précipitation. Voilà ce qui se passe à El Tarf et on veut nous affamer parce qu'on proteste par des moyens légaux et légitimes ». Les étudiants d'El Tarf ont adressé hier une énième lettre au ministre de l'Enseignement supérieur l'informant de la tournure que prennent les évènements notamment après la décision prise par le directeur de l'Onou de les priver arbitrairement d'un droit élémentaire, celui de manger. Le directeur général de l'Onou, Boualem Addour, que nous avons joint au téléphone, nous a déclaré qu'il croit aux vertus du dialogue et de la concertation mais n'accepte pas que l'administration soit prise en otage. Il vient de dépêcher à El Tarf l'un de ses collaborateurs avec des instructions précises et nous en saurons un peu plus à l'issue de sa mission.