Les étudiants du centre universitaire d'El Tarf ont refusé de dîner samedi soir. Ils sont en grève illimitée depuis trois jours. Ils ont fermé la direction régionale de œuvres universitaires (DOU) et les résidences des deux campus. Des groupes d'étudiants et des banderoles devant le siège de la DOU, à l'entrée des campus et sur les bus annoncent le mouvement de protestation et les revendications : une commission d'enquête ministérielle pour dégager une solution aux problèmes rencontrés depuis la rentrée. « On est à 5 et à 6 dans des chambres prévues pour deux et il n'y a même pas de mobilier. Il y a 720 étudiants pour une résidence qui ne peut en contenir que 500. Pas de lits, pas de matelas, pas de couvertures, pas de douches, encore moins de tables de travail et d'armoires. Si on ne réagit pas, il vont nous parquer à 10 par chambre et nous dormirons debout. » Les externes, comme on dit maintenant, ceux qui ne sont pas en cité U parce que résidant dans un rayon de moins de 50 km, s'interrogent sur le fait que le transport n'est pas assuré. « Normalement, c'est l'un ou l'autre, mais à El Tarf, ce n'est ni l'un, ni l'autre. » En fait, la situation dénoncée a pour origine l'instruction non écrite de Bouteflika mais appliquée avec un zèle peu commun, celle de séparer les filles des garçons. On a mis toutes les filles à la cité des 1000 lits et les garçons aux 500. Et comme l'entrée de la résidence de l'un des sexes est interdite à l'autre, il y a la moitié des étudiants d'El Tarf, soit 1000 personnes, qui, à midi, doivent faire l'aller-retour en bus entre les deux campus, faire la queue au resto et se restaurer. Tout cela en moins d'une heure. Depuis deux jours, les cours tournent au ralenti. Ceci n'a pas empêché l'ouverture hier du premier séminaire international sur la biodiversité, l'environnement et la santé qui se terminera mercredi par une randonnée dans le parc national d'El Kala. Une centaine d'invités ont été répartis en trois ateliers pour un nombre impressionnant d'intervenants dans les trois domaines du séminaire où figurent des noms prestigieux. Les mots-clés de la manifestation sont faune, flore, habitats, milieux, populations, migrations, virus de West Nile, pathologie, parasitologie, maladies émergentes, biodiversité, érosion de la biodiversité, parc national, zones humides sahariennes... Bref le lexique de la conservation de la nature. Bien entendu, l'affaire de l'autoroute dans le parc aura suscité quelques commentaires dans les coulisses, mais ne s'est pas étendue aux débats que l'on souhaite sereins et sans passion.