Une ambiance des plus chaleureuses régnait à la séance de signature du livre Had Ezzine et autres contes, qui s'est tenue jeudi après midi, à la librairie Média-Plus de Constantine. En effet, Abdelwahab Boumaza y a rencontré le public constantinois venu en nombre, ce qui n'a pas manqué de conférer au lieu une avenante et radieuse animation, dans une cité où l'intéressement au livre et celui à la littérature pâtissent d'une effroyable agonie. Une note joyeuse donc venue égayer Une journée pluvieuse et réchauffer les cœurs, tant il est certain qu'elle a permis à un auteur d'avouer publiquement qu'il a « commis un livre », pour un public affable de déclarer l'aimer, de l'acquérir, se le faire dédicacer et de l'emporter avec lui, chez lui et peut-être même en lui, bien que Had Ezzine et autres contes est un livre, qui, une fois lu, vous emporte très loin aux confins de l'enfant qui est en vous. Et, c'est en bon conteur, pas autant bien sûr que les personnages de son livre, surtout la vielle Larem, que Abdelwahab Boumaza, jovial comme à son habitude, se met à table et fait des aveux. Il signe et persiste à raconter les circonstances douloureuses, jamais atténuantes, qui l'ont mené à « commettre » son récit, il admet être coupable et donne même le nom de sa 1iere complice, l'artiste peintre Bettina Heinen-Ayech qui a, de fort belle manière, illustré le texte. Et puisque le conte à rebours a commencé et qu'il faille remonter la vérité, le texte s'est retrouvé dans une maison d'édition coupable, elle aussi, d'avoir fait un excellent boulot. Ce sont là tous les protagonistes qui, en bande, se sont rués en un seul élan, pour réveiller l'enfant qui dort en nous, nous faire, sinon et en fin de « conte », le procès de l'enfant que nous avons tué en nous. Crime de lèse-humanité qui, à la barre, cite notre conscience fêlée, notre moi estropié et qui, « tout contefait », condamne à perpétuité les auteurs présumés, à récidiver éternellement. Le verdict, une fois tombé, après 3 heures et demie pleines d'émotion poignante à souhait, chacun devait rejoindre sa cellule, pour tenter de continuer à rêver, et l'on aura compris qu'il faut se méfier de ces rencontres inhabituelles qui ont permis à l'auteur Boumaza de convoquer l'enfance. Son œuvre est un plaidoyer ardent et courageux adressé à la face de ceux qui se fardent de masques pour maquiller les vérités sociales et confiner dans le déchirement le plus absolu toute l'enfance qui est en nous. Enfin, ils étaient tous là par un après-midi radieux, le conte, les enfants, les lecteurs… Le vaillant libraire, à sa 160e séance de signatures, nous promet une fin d'année toute en couleur avec la prochaine venue d'auteurs comme les Rachid Boudjedra, Amine Zaoui, Hakim Laâlam, ou encore les Mostapha Benfodil, Hamid Grine et bien d'autres noms encore.