C'est dans une ambiance festive que notre collègue Abdelwahab Boumaza a présenté, jeudi dernier, son livre intitulé Had Ezzine et autres contes, publié aux éditions Alpha et illustré féeriquement par l'artiste-peintre Bettina Heinen-Ayech. La librairie Bousdira a reçu pendant plus de trois heures l'auteur de l'œuvre, venu dédicacer son premier livre à Souk Ahras. Vous venez de publier votre premier ouvrage, dites-nous quelles sont vos véritables motivations ? Faut-il en avoir pour cela ? Je ne le sais pas. Mes livres, je les ai écrits il y a longtemps ; hormis Had Ezzine et autres contes, (disons en passant qu'un des contes a été publié dans Horizons en 1989), les autres sont à l'état de manuscrits. Le champ médiatique s'est ouvert d'une manière fabuleuse, celui de l'édition a suivi. Quelle fraîcheur ! Les maisons d'éditions foisonnent aujourd'hui en Algérie, c'est un bon signe. Certaines n'ont rien à envier à d'autres sous d'autres cieux. C'est ce qui m'a décidé à franchir le pas de la publication. Peut-on considérer vos contes comme introspectifs du moment qu'ils pénètrent la société, critiquent la bêtise, le non-sens que vous débusquez en projetant un regard empreint de réalisme surtout ? Il est inéluctable de laisser un peu de soi, une empreinte de l'instant, sa subjectivité quand on transcrit un conte populaire, et ce, malgré quelques précautions qu'on veuille bien prendre. Par contre, dans la nouvelle composante de ce livre, tous les faits ont été tirés de la réalité. Tous les faits existent encore aujourd'hui, peut-être même plus qu'avant. Etre journaliste et auteur, jusqu'où peut-on estimer qu'il y a convergence, ou alors est-ce plutôt une sorte de dualisme ? Je suis tenté de vous dire que c'est un dualisme, tant au fond, (bien sûr, tout dépend de l'écrit) l'un est loin de l'autre, même s'ils ont tous les deux en commun le même acte d'écrire. Mais, on peut dire que le journalisme ravitaille ou enrichit l'humus de la création. C'est au fil de mes pérégrinations, de mes reportages que je recueille les contes, que j'ai à voir des situations terribles devant étoffer une scène que j'ai à écrire dans des nouvelles ou autres contes… Comme vous le savez, rien ne sort du néant. Il m'est arrivé d'écrire des nouvelles tirées de la réalité, je n'y ai rien ajouté ou presque pas, et pourtant cela passe pour de l'invraisemblable. Enfin, comme on dit, le journalisme c'est de la paralittérature. Le fait divers est déjà une toute petite nouvelle. Il ne faut pas oublier que c'est grâce à deux faits divers parus dans des journaux, que Stendhal a écrit son chef-d'œuvre Le rouge et le noir… On peut citer beaucoup de cas pareils. On dit que vous nous préparez de bonnes surprises, lesquelles, vite, avouez ... Je reste dans le monde de l'enfance, j'ai un roman sur les aventures d'un groupe d'enfants au lendemain de l'indépendance ; une sorte de biographie plurielle de ce groupe, un peu avant l'indépendance et juste quelques années après. Un roman que j'ai intitulé Les boumzins englués, (boumzin, en parler algérien local, veut dire chardonneret). La vérité sort de la bouche des enfants. L'innocence véhicule parfois des choses graves. Il faut dire aussi que j'ai deux recueils de nouvelles qui sont chez un éditeur, dont quelques-unes sont parues ces dernières années dans El Watan.