Les maladies de nature neurologique sont de plus en plus menaçantes en Algérie. Lors de la première journée médicale sur la neurologie qu'a abritée le CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, mercredi et jeudi derniers, des médecins spécialistes ont présenté un tableau, qui ne laisse pas indifférent, concernant l'état des lieux, les causes et surtout le traitement des maladies de cette catégorie au sein des établissements de santé publique à l'échelle nationale. Durant ces deux jours, un débat profond a eu lieu sur les Accidents viscéraux cérébraux (AVC), les épilepsies, l'Alzheimer, la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques. D'emblée, il a été fait état de près de 300 000 épileptiques en Algérie, 100 000 de maladies d'Alzheimer, 60 000 nouveaux cas d'AVC, 50 000 parkinsoniens, 10 000 sclérosés en plaques et, enfin, 40 000 cas de myopathies. Evoquant les accidents viscéraux cérébraux, sur la base des cas traités au CHU de Tizi Ouzou, le Dr Meziani a fait savoir que les AVC provoquent jusqu'à 20 000 décès et 30 000 paralysies annuellement en Algérie. A ce rythme, la maladie est classifiée parmi les causes majeures de mortalité chez les adultes. Sur la base d'une étude rétrospective réalisée sur la période 2004-2006, il a été conclu que les AVC ont touché particulièrement la tranche d'âge des 49-59 ans et les hommes beaucoup plus que les femmes. Parmi les facteurs de risque des AVC, il y a, principalement, l'hypertension, le diabète, le tabagisme, l'alcool et les maladies cardiaques. En matière de prise en charge des malades, le constat fait ressortir un manque flagrant en structures de rééducation. Tizi Ouzou, à elle seule, a enregistré, en moyenne, une trentaine de nouveaux cas d'AVC annuellement entre 2004 et 2006. La maladie de sclérose en plaques (SEP), elle aussi, tend à gagner du terrain en Algérie. Le Dr Daoudi, sur la base de cas de SEP traités au niveau du CHU de Tizi Ouzou, enclenche désormais le débat sur le taux de prévalence de ce mal dans la région de Kabylie qui est de 27 pour 100 000 habitants, alors que la norme internationale se situe à 5 pour 100 000 habitants pour les régions d'Afrique du Nord et d'Asie. L'étude qui a été présentée a concerné les hospitalisations recensées au service de neurologie du CHU de Tizi Ouzou de 1998 à 2007. Durant cette période, 328 cas ont été ainsi enregistrés. La même étude fait ressortir que ce nombre suit une courbe ascendante d'année en année, tandis que la tranche des 30-49 ans demeure la plus touchée. D'habitude, les femmes sont plus exposées à cette maladie or dans le cas de Tizi Ouzou, le nombre de sujets masculins atteints dépasse celui des femmes. Et c'est là que le Dr Daoudi a recommandé des études épidémiologiques plus approfondies afin de mieux apprécier l'évolution de la SEP en Algérie et surtout son taux de prévalence réel. Des communications d'une importance remarquable ont été également présentées lors de ces deux journées sur, entre autres, la maladie d'Alzheimer et les troubles psycho-comportementaux qu'elle provoque tout comme le diagnostic et la prise en charge clinique de la maladie de Parkinson. Les épilepsies, avec toutes les caractéristiques qu'elles présentent, ont également fait objet de débats lors de cette première journée de neurologie à l'occasion de laquelle le Dr Mosbah de Annaba a eu une vision critique sur les traitements réservés à cette maladie, en concluant qu'auparavant « avec les quatre molécules existantes, 70% des malades ont été contrôlés, alors qu'actuellement, la multitude de nouvelles molécules n'ont permis d'améliorer la prise en charge que de 5% à peine. » En outre, les maladies orphelines ou rares, touchant moins d'une personne par 2 000 habitants, ont été également évoquées. En Algérie, les statistiques présentées font état de moins de 15 000 personnes atteintes d'une maladie orpheline et de 17 maladies rares prévalentes dans les hôpitaux ayant atteint 6435 personnes.