La situation sécuritaire est globalement maîtrisée dans une région qui n'a que trop souffert des affres du terrorisme. La wilaya de Médéa se tourne vers le développement économique et social dans l'objectif de rattraper le retard enregistré en la matière. Son implantation stratégique au centre du pays fait de la wilaya de Médéa un trait d'union entre le nord et le sud de l'Algérie, mais également entre l'est et l'ouest, à travers les Hauts-Plateaux. Médéa, perchée sur une hauteur de 1240 m, est limitrophe avec Blida, Djelfa, M'sila, Bouira, Aïn Defla et Tissemssilt. La wilaya se compose de 64 communes réparties en 19 daïras où vivent 950 000 habitants. Bien que des enveloppes financières importantes sont allouées par l'Etat depuis 2000, les besoins du développement exigent encore des montants plus conséquents, pour répondre aux besoins de la wilaya. Néanmoins, en cette période électorale, les administrés, eux sont préoccupés par leur situation sociale, ce qui illustre cette morosité qui règne dans les villes et les villages. A Chahbounia, un chef-lieu de daïra situé sur les Hauts-Plateaux, les citoyens sont très courtois et affables. « Nous voulons que les caméras de la télévision viennent ici réclament-ils, et d'autres journalistes, pour décrire et montrer dans quelles conditions nous vivons », ajoutent-ils. Le siège de la daïra, de la sûreté de daïra et celui de la protection civile sont les seuls infrastructures visibles, fraîchement construites et qui s'imposent dans le paysage désertique de cette ville. Il suffit de parcourir 650 m pour traverser entièrement ce chef-lieu, situé à 120 km au sud-ouest de la ville de Médéa. La discussion engagée avec quelques citoyens illustre leur malvie. Un homme, dont l'âge ne dépassant pas la trentaine, en compagnie de sa petite fille, est attablé dans un café, se contentant de contempler en silence les va-et-vient des personnes et des véhicules. « C'est un pauvre qui est à la recherche d'une aide, pour l'achat des médicaments pour sa petite fille, nous indique notre interlocuteur, il ne travaille pas ». Le chômage continue à faire des ravages, alors que l'oisiveté donne des idées d'évasion aux jeunes de la ville qui désirent changer d'air pour mieux vivre. La population de la ville de Chahbounia est impuissante face à la précarité. L'inexistence des infrastructures sanitaires, le déficit en alimentation en eau potable, les ruptures répétées d'électricité, les problèmes de logement, de l'emploi, l'absence d'infrastructures pour les jeunes de Chabounia et enfin l'absence de transport, tels sont les points noirs que nos interlocuteurs ont tenu à nous signaler. Il est évident que les commerces tournent au ralenti, puisque le pouvoir d'achat de la population est excessivement bas. Il n'y a point de journaux à Chabounia, car les distributeurs ne prennent même pas la peine de faire un crochet de 29 km pour déposer les quotidiens et hebdomadaires dans ce chef-lieu, mais les lecteurs aussi sont rares, car une pièce de 10 DA a une très grande valeur, dans ce coin reculé du pays. Les citoyens préfèrent « remplir » leur ventre plutôt que le cerveau. L'extraction du sable à proximité de Chahbounia faisait vivre les familles. Soucieux de préserver l'environnement, le wali de Médéa a interdit l'extraction de ce précieux matériau indispensable à la construction. Une série de petites collines de sable se dressent à l'entrée de Chahbounia, mais cela n'empêche pas l'extraction illicite du sable, selon un adolescent, qui a quitté le lycée. « Il n'y a pas de transport pour rejoindre nos maisons, nous dit-il. Heureusement que les policiers arrêtent des véhicules de temps à autre pour nous permettre de regagner nos domiciles », enchaîne-t-il. L'hospitalité des habitants de Chahbounia, en dépit de leur situation sociale délicate n'est pas un vain mot. Les véhicules circulent nuit et jour à Chahbounia. L'eau est une denrée qui se raréfie dans cette cité-transit. Certaines familles et commerçants aisés louent des citernes d'eau pour s'approvisionner de ce précieux liquide. Les habitants n'arrivent toujours pas à comprendre les interruptions très fréquentes d'électricité. Les vendeurs de glace qui souffrent de cette situation préfèrent arrêter ce commerce, pour éviter la faillite. Les commerçants « chassent » les vendeurs ambulants de fruits et légumes qui viennent s'installer le long des rues pour écouler leurs marchandises à des prix acceptables. Il n'existe pas un marché communal à Chahbounia et encore moins un espace en mesure d'accueillir les commerçants ambulants. Dans le secteur de l'éducation nationale, il faut souligner que le lycée de Chahbounia a été secoué par un mouvement de contestation des lycéens, dans un passé récent. Il a fallu que le ministère de la Solidarité nationale dépêche un émissaire pour se rendre compte de la nécessité impérieuse de doter la localité de moyens pour le ramassage scolaire. quelques rares affiches partiellement déchirées sont là pour rappeler que nous sommes en pleine campagne pour les élections communales et de l'APW. « S'il vous plaît nous précise l'un de nos interlocuteurs, voulez-vous bien écrire que depuis l'arrivée de l'actuel wali et le chef de daïra, certains projets ont été réalisés, dit-il, mais franchement nous continuons à souffrir, et pour aller tous les jours à Médéa, nous n'avons suffisamment pas les moyens pour nous prendre en charge », conclut-il. Chahbounia est pourtant riche de grandes superficies pour des projets porteurs et créateurs d'emplois. Le rôle du futur élu local est attendu dans ce volet, afin de satisfaire les doléances de ses habitants qui ne méritent pas ce sort, car la pauvreté s'accentue. L'indifférence et l'absence de communication caractérisant l'ambiance à l'échelle communale se perpétuent, créant des tensions, qui dans plusieurs cas, sont à l'origine de dérapages lors des mouvements de contestation, au niveau de ces villages reculés du pays. Seghouane : comme un coin perdu Direction Seghouane, localité entre Berrouaghia et Ksar El Boukhari qui a terriblement souffert du terrorisme. Certains projets d'intérêt public n'ont pas été entamés en raison des problèmes fonciers. « Gaz de ville ya cheikh », nous interpellera un citoyen de Seghouane qui se trouvait au milieu de la foule. Un autre dénonce le comportement insensé du P/APC et se plaint auprès du wali en inspection dans cette ville. L'équipe de football locale ne peut pas recevoir les équipes adverses sur son stade, car son infrastructure sportive, qui nécessite une enveloppe financière plus conséquente pour son aménagement, n'est pas encore homologuée. A Tlélat Douairs, des projets d'aménagement et de réhabilitation des chemins communaux sont en cours. Beaucoup de citoyens utilisent l'âne pour leurs déplacements. Une chaîne de montagnes entoure ce paysage aride. La création de l'axe routier secondaire a désenclavé les habitations éparses et a encouragé sans aucun doute le retour des populations. A l'entrée sud de cette petite commune de Tlélat Douaïrs, une aire de fortune a été aménagée pour servir de « parking » à ces ânes. La daïra de Seghouane est dotée d'une usine de production de plusieurs gammes d'aliments pour les différents types d'élevage, à savoir poulet, dinde, bovin, ovin, caprin. Cette unité de fabrication nécessitant une extension a débuté son activité en 2004. Elle est implantée dans la commune de Moudjebeur. Cette usine de fabrication d'aliments pour les élevages verse un montant estimé à 55,3 millions dans la caisse de l'APC de Moudjebeur durant les 5 premiers exercices de son existence. Dotée de 6 silos d'une capacité de stockage de 15 000 tonnes, elle compte atteindre une production annuelle de 62 400 tonnes, en employant 3 équipes qui se relayeront pendant 24 h. La daïra de Seghouane compte 39 200 habitants. L'Etat devra davantage aider les fellahs-producteurs de la wilaya de Médéa, tout en mettant l'accent sur les cultures spécifiques aux besoins nationaux. Hormis les réalisations effectuées au niveau du chef-lieu de la wilaya, le secteur de la jeunesse et des sports mérite une attention toute particulière pour la création de projets dans les chefs-lieux des daïras éloignés. Les espaces forestiers existants dans la wilaya de Médéa sont inexploités pour le développement d'autres activités pour le moment. D'ailleurs, le programme de la conservation des forêts a tenu compte de cet aspect. La construction de certains locaux en bois, le long de la RN 1 au niveau de la commune d'El Hamdania permettra de mettre en valeur l'artisanat local et un espace de découverte de cet artisanat et de lieu de détente pour les familles. Pourtant, les populations de ces communes rurales de la wilaya de Médéa s'agglutinent et se bousculent le long du parcours emprunté par le wali, lors de ses sorties de travail et d'inspection sur le terrain pour se rapprocher du chef de l'exécutif de la wilaya, afin de lui exprimer leurs inquiétudes, leurs problèmes, leurs souffrances et leurs lassitudes. « Il faut aller voter en masse le 29 novembre, faites votre choix sur des personnes intègres, qui seront aptes à prendre en charge vos préoccupations et bien gérer votre commune, si vous voulez que vos cités changent de visage », dira le wali. Le développement rural concerne 70% de la superficie de la wilaya de Médéa. Sa vocation principale est agro-pastorale. Les milliards de dinars alloués par l'Etat, pour l'épanouissement de ce vaste territoire durant les années passées, n'ont pas résolu les difficultés des populations, mais plutôt leur gestion a donné lieu à des scandales. Nos interlocuteurs dans les différentes communes rurales insistent et s'accordent à nous affirmer, avant de nous séparer, qu'ils attendent beaucoup du wali de Médéa, pour les aider à sortir de cette situation déplorable. Enfin, il y a lieu de préciser que le wali est toujours accompagné, lors de ses visites d'inspection, par son attaché de presse, qui n'est autre que le comédien connu des téléspectateurs de « l'Unique » en l'occurrence Rabaï Abderrahmane, connu sous les pseudonymes, « Boutchekhtchoukha » et « cheni cheni ». Sa présence détend l'atmosphère dans cet environnement impitoyable. C'est une attraction et une opportunité pour les gamins insouciants des communes rurales, en s'approchant de la « star », alors que leurs parents se démènent pour se faire entendre par le chef de l'exécutif de la wilaya.