On ne parle d'eux qu'à l'occasion de la Journée nationale du handicapé. Et pourtant, ils sont des milliers à souffrir dans la solitude. A Tizi Ouzou, les statistiques établies par la direction de l'action sociale (DAS) font ressortir 24 117 handicapés dont 11 139 inadaptés mentaux. Leur nombre serait plus important. Dans les villages reculés de la wilaya, de nombreux cas ne sont pas déclarés aux services concernés. A quoi bon, se demandent les familles ? Ce n'est pas l'allocation de 3000 DA allouée par l'Etat pour un invalide à 100 % qui atténuera la détresse de cette frange de la société. Appareillage, emploi, pension, les besoins sont multiples. « Nous sommes délaissés ». La complainte est récurrente. Devant la démission criante des pouvoirs publics, des associations se sont constituées pour plaider la cause de ces laissés-pour-compte. Sans moyens, leur champ d'action est limité. « Nous activons depuis deux ans. Nous n'avons toujours pas de bureau. Nous comptons 200 adhérents mais que peut-on faire avec une subvention de 70 000 DA ? Cette somme ne couvre même pas nos frais de location », déclare Rebaïne Hocine, secrétaire général-adjoint de l'Association de communication et de l'information pour les personnes handicapées de Tizi Ouzou basée à Draâ Ben Khedda. « Nous sommes nouveaux dans le monde associatif mais nous faisons de notre mieux pour apporter notre modeste aide aux personnes qui viennent nous voir », dit notre interlocuteur. Des activités ? Elles se limitent pour le moment à des cours de culture générale et de décoration florale. « Nous voulons lancer des ateliers de couture et de poterie mais nous n'avons pas de moyens », se désole ce membre de l'association. L'ACIPPH envisage de signer une convention avec un centre de formation professionnelle pour créer une section d'informatique. En projet, il est prévu le recensement de tous les handicapés à l'échelle de wilaya. Faute de financement, les responsables de l'association font du porte -à-porte dans les quartiers pour solliciter des dons. « Nous avons récupéré des vêtements que nous avons remis à l'association des cancéreux El Fedjr. Mais on a surtout besoin de couches. Elles sont fortement demandées par les malades (3 à 4 par jour). Ce que nous souhaitons, c'est une prise en charge durable par l'Etat. Le ministère de la Santé a été saisi à ce sujet. On nous a proposé de continuer dans la charité ». L'autre problème soulevé par l'association a trait aux tracasseries que rencontrent les handicapés physiques en se présentant au contrôle médical à la caisse de la sécurité sociale (CNAS). « Ils ne peuvent pas se déplacer par leurs propres moyens. L'idéal serait de désigner un médecin dans chaque daïra. Cela leur éviterait les déplacements coûteux et pénibles au chef-lieu de wilaya ». Fatma, 20 ans, est myopathe (atteinte d'une affection du système musculaire). Cela fait des années qu'elle a élu domicile au service de rééducation du sanatorium de Rédjaouna ! Rongée par la maladie, loin des siens, elle prend son mal en patience en attendant des jours meilleurs. Férue d'informatique, elle souhaiterait suivre des cours au niveau de l'hôpital pour meubler son temps. Elle aimerait aussi sortir flâner en ville. Clouée à vie sur son fauteuil, elle n'est pas libre de ses mouvements. Elle ne peut descendre en ville qu'à bord d'un fourgon de transport public. Chaque déplacement lui revient à 600 DA. Un exemple parmi tant d'autres sur la misère et la galère d'un handicapé en Algérie.