Au moment où vous fêtez la fin du Ramadhan avec l'Aïd El Fitr, je viens, cette année encore, vous présenter les meilleurs vœux du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, service de sa sainteté le pape pour les relations avec les personnes d'autres religions. Dans leurs prières, beaucoup de chrétiens ont pensé à vous et vous ont accompagnés durant ce temps de jeûne, qui occupe une place si importante dans la vie de votre communauté. Dès que possible, vous apprenez à vos enfants à observer ce mois de jeûne, développant ainsi en eux le sens de Dieu, l'obéissance religieuse et, en même temps, la force de volonté et la maîtrise de soi. Ainsi, la famille constitue le lieu par excellence de la première éducation religieuse de vos enfants. J'aimerais aujourd'hui attirer l'attention sur les enfants en général et l'accueil qu'ils doivent recevoir de la part de leurs parents, de leur famille et de toute la société, aux différents moments de leur vie. L'enfant a un droit inaliénable à la vie. Il a aussi le droit, autant que faire se peut, d'être accueilli au sein d'une famille naturelle et stable. Il a, de même, le droit d'être nourri, vêtu et protégé. Il a le droit, en outre, d'être éduqué pour que se développent en lui et pour qu'il développe, plus tard par lui-même, toutes ses capacités. Dans cette perspective, l'enfant est en droit d'être soigné s'il tombe malade ou s'il est victime de quelque accident. La vie de l'enfant, comme celle de tout autre personne humaine, est sacrée. Vous considérez qu'un enfant est une bénédiction de Dieu, notamment pour ses parents. Nous, chrétiens, nous partageons ce regard religieux, mais notre foi chrétienne nous enseigne également à découvrir dans l'enfant un modèle pour nos rapports avec Dieu. Jésus a donné en exemple la simplicité de l'enfant, sa confiance, sa docilité, sa joie de vivre, nous indiquant ainsi que nous devons vivre dans une soumission confiante à l'égard de Dieu. En plusieurs occasions, ces dernières années, des représentants du Saint-Siège et des pays à majorité islamique ont défendu ensemble, dans des instances internationales, des valeurs humaines fondamentales. Souvent, il était question de défendre les droits des plus faibles, en particulier ceux de la famille, qui est l'environnement naturel dans lequel les enfants sont élevés et où leurs droits sont respectés au mieux. Si l'enfant a bénéficié, au moins dans certaines parties du monde et en certains domaines, du progrès dans le respect des droits de l'homme, il continue, par ailleurs, de souffrir de divers maux. Beaucoup trop d'enfants sont encore astreints à des travaux pénibles qui compromettent leur développement physique et psychologique, qui les empêchent de se rendre à l'école et de recevoir l'instruction à laquelle ils ont droit. Beaucoup d'autres sont aussi enrôlés ou mêlés à des guerres ou à des conflits. Ces dernières années, l'augmentation des abus sexuels et de la prostitution a trouvé en eux leurs premières victimes. Surtout, l'enfant est devenu la nouvelle victime de certaines mutations dans la société. En effet, lorsque la famille se désagrège, les enfants sont les premiers à en pâtir. Le développement du trafic et de la consommation de la drogue, surtout dans les pays pauvres, se fait trop souvent à leurs dépens. Le trafic ignoble d'organes touche particulièrement les enfants. La tragédie du sida fait souvent d'eux des petits êtres contaminés dès leur naissance. Face à ces maux qui frappent nos enfants, chers amis musulmans, nous devons unir nos efforts, en rappelant la dignité de tout être humain dont l'existence est voulue par Dieu lui-même, en dénonçant sans relâche tout ce qui dégrade l'enfant et en luttant, de toutes nos forces, contre ces « structures du péché », pour utiliser une expression reprise par le pape Jean-Paul II. Nous sommes bien conscients qu'avec l'avenir des enfants se joue aussi celui de l'humanité tout entière. J'espère ainsi que notre coopération au service des enfants se poursuivra et même se développera, fournissant, par là, une des preuves du caractère bienfaisant de la religion pour toute la communauté humaine. En ce Ramadhan, puissent vos enfants être fortifiés dans l'accomplissement des œuvres de bien ! Qu'ils apprennent aussi à résister aux bonheurs illusoires et aux plaisirs éphémères pour conquérir une liberté intérieure et pour être plus soumis à Dieu ! Qu'ils témoignent de l'importance des valeurs religieuses ! Encore une fois, je vous assure de ma prière au Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux, pour vous-mêmes et de manière toute particulière pour vos enfants. Qu'Il répande sur vous ses bénédictions, qu'Il rende vos familles fortes et généreuses à Son Service et qu'Il accorde à chacun de vous Sa Paix !