Un message est passé au Festival du Caire : le cinéma algérien est de retour. On rend même hommage aux plus anciens. Le Caire (Egypte). De notre envoyé spécial Soleil éclatant sur Le Caire. Sur les ponts, dans les tunnels, partout un déluge automobile roule au pas. Les Cairotes, moins tondus et moins barbus dans les quartiers chics du Grand Hayatt, siège du festival, accueillent les participants étrangers avec des marhaba égrenés à tout bout de champ comme un chapelet. A l'approche des fêtes de l'Aïd et Noël, les femmes du Caire tiennent le pavé et se ruent dans les magasins de Kasr Al Nil Street ouverts jusqu'à 2h. Sur les deux rives du Nil, une douzaine de grandes salles, Metro, Galaxy, Normandy, Cosmos, Good News, Opera..., en parfait état, se remplissent à mesure que défilent les films du programme. L'Algérie tient le haut du pavé. Le jeune public du Caire, éperdu d'admiration devant Chronique des Années de Braises, ne se lasse pas de voir et revoir le film et alimente le bouche à oreille. L'hommage à Lakhdar Hamina est repris ici après le succès remporté à l'IMA à Paris. En caractères d'affiche, la revue du festival du Caire Panorama publie un article élogieux sur Delice Paloma de Nadir Moknèche signé Nadia Al Azhari. Biyouna y apparaît en photo souriante et prête à partir au combat... Dans ce contexte aussi, le Festival du Caire a invité Hamraoui Habib Chawki, présenté dans le Who's Who du festival comme Director of Algeria Film Festival. Tant mieux. Le Caire est devenu le terrain où les choses bougent pour le cinéma algérien. Issus d'une politique de production ambitieuse, les films marocains sont aussi présents. On a toutefois l'impression que si les dirhams coulent à flots, les idées manquent cruellement. Beaucoup de choses banales et ennuyeuses ont défilé sous nos yeux dans les productions de Lahcen Zitoun, Faouzi Bensaïdi, Daoud Sayed... La bonne surprise du Festival du Caire est venue de Turquie. Le Dernier Ottoman de Mustafa Sevki et En Attendant le paradis de Dervis Zaim sont deux fresques parfaites, passionnantes sur l'histoire de la Turquie. Mustafa Sevki filme le crépuscule de l'occupation d'Istanbul par les troupes britanniques en 1918. Dans le film de Dervis Zaim, c'est la vie d'un grand miniaturiste d'Istanbul au XVIIe siècle contrarié par les guerres féroces entre les prétendants au trône. Une mêlée tragique et douloureuse dont l'artiste ne sortira pas intact. Ces deux films turcs sont d'une beauté et d'une rigueur absolues. Un souffle vital parcourt dans chaque cas le travail de mise en scène. Travail de deux authentiques artistes dignes successeurs de Yilmaz Guney. Le 31e Festival du Caire a sacrifié au show inaugural mardi soir 27 novembre avec stars et tapis rouge à l'entrée de l'Opera House. Fête réussie. Mais l'histoire a tourné à la polémique. Une journaliste égyptienne a trouvé porte close faute d'invitation et a accusé le propriétaire de Mobinil, sponsor du festival, d'avoir voulu écarter certains membres de la presse. C'est dénué de tout fondement, a répondu le festival.