La position française a été de tout temps hostile au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Elle n'a guère changé. Les différents présidents qui se sont succédé à l'Elysée depuis 1975 avaient toujours appuyé les velléités colonialistes du palais royal. La France a poussé son soutien au Maroc jusqu'à atteindre le stade militaire au point où l'aviation militaire française avait bombardé des colonnes du Front Polisario et des civils sahraouis en 1976 avec des jaguars, derniers-nés des bombardiers français à cette époque. La position de la France est passée par plusieurs étapes. Mitterrand avait adopté surtout durant son dernier mandat un « alignement aveugle » sur la politique colonialiste marocaine, alors que son successeur Jacques Chirac n'avait pas fait mieux que de suivre les « caprices » du royaume. Mais cela n'empêchait pas Paris de voter aussi bien à l'Assemblée générale des Nations unies qu'au Conseil de sécurité les résolutions exigeant un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Pour l'ambassadeur de la RASD à Alger, Mohamed Yeslem Beisset, la France a toujours adopté une position « immorale et hypocrite ». Le diplomate sahraoui est allé jusqu'à estimer que « la France n'a pas de position sur la question sahraouie, mais un écho de la position marocaine ». « La politique française vis-à-vis de la question sahraouie n'est ni moraliste ni pragmatiste, mais elle est paternaliste, basée sur des liens clientélistes au staff dirigeant corrompu du Makhzen », selon M. Beisset. L'actuel président français s'est-il démarqué de cette politique « expansionniste » et colonialiste de ses prédécesseurs à l'Elysée, lui qui n'a cessé de promettre la « rupture » dans la politique étrangère ? Pas du tout. Son intervention récente à Rabat lors de sa visite d'Etat est une prise de position grave et déroutante à la fois. Sarkozy est allé même loin en souhaitant que la proposition marocaine d'autonomie pour le Sahara occidental serve de base de négociations pour le règlement « raisonnable » d'un des plus vieux conflits de la planète. « Le Maroc a proposé un plan d'autonomie, un plan qui est sérieux, un plan qui est crédible en tant que base de négociations », a dit M. Sarkozy au Parlement marocain. Il ne s'était même pas gêné de déclarer aux Marocains que « la France sera à vos côtés ». Une déclaration qui fait dire au diplomate sahraoui que « Sarkozy peut, s'il veut faire la rupture, mais toutes les indications, notamment son intervention à Rabat, ne nous donnent aucune chance d'optimisme ». Pourtant la France, selon M. Beisset, savait que sans la satisfaction des revendications du peuple sahraoui, la stabilité dans la région serait une illusion. La France ne peut continuer à se mentir, et si Sarkozy veut une grande vision sur l'union méditerranéenne, il faut qu'il s'adapte à la légalité internationale. Celle de permettre au peuple sahraoui de jouir de son droit à l'autodétermination consacré par les différentes résolutions du Conseil de sécurité, la dernière en date est la résolution 1754 du 30 avril 2007.