Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, vient une nouvelle fois de manifester une hostilité ouverte à l'Algérie. Dans une interview à un quotidien marocain, il a soutenu que le règlement du conflit du Sahara-Occidental passe par « un dialogue (...) direct entre Rabat et Alger » et que dans cette affaire les autorités marocaines ont fait preuve d'un « esprit positif ». C'est là une prise de position étonnante et grave à la fois. En affirmant que des discussions entre les deux capitales permettront de régler le problème, il fait siennes les thèses marocaines selon lesquelles la question sahraouie est un problème algéro-marocain. Faisant en outre preuve d'un manque flagrant de doigté diplomatique, il a affirmé que les Marocains ont montré un « esprit positif », ce qui veut dire que les Algériens ont une attitude négative, ce qui veut dire qu'ils sont responsables du blocage actuel. On sait que la France avait toujours appuyé les velléités colonialistes du Palais royal. Elle a poussé le soutien jusqu'à le soutenir militairement au point que l'aviation militaire française avait bombardé des colonnes du Front Polisario et des civils sahraouis en 1976 avec des jaguars, derniers-nés à l'époque des avions bombardiers. Cela n'empêchait pas Paris de voter aussi bien à l'Assemblée générale des Nations unies qu'au Conseil de sécurité les résolutions exigeant un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Récemment encore, le président Jacques Chirac, recevant le Premier ministre chérifien Driss Jettou, a demandé aux Marocains de se conformer à la légalité internationale en acceptant le référendum au Sahara-Occidental. Pourquoi alors cette sortie du chef du Quai d'Orsay ? Paris est-il revenu à ses positions antérieures ? Il est le seul à pouvoir exercer des pressions sur Rabat afin de le ramener à la raison et au bon sens. Malheureusement, il l'encourage dans son bellicisme, ce qui ne contribue pas à la création d'un climat serein qui puisse permettre aux peuples maghrébins d'aller de l'avant. Le climat est même devenu malsain depuis un certain temps avec, par exemple, ces manifestations organisées par les services marocains devant les ambassades d'Algérie à l'étranger. Heureusement, les Algériens n'ont pas voulu répondre à la provocation, sinon la situation aurait peut-être dégénéré. Mais Douste-Blazy a décidé de mettre de l'huile sur le feu. Il n'aide nullement le régime marocain qui est déjà fragilisé par une situation économique catastrophique et par une montée inquiétante de l'islamisme.