Le phénomène de l'exode rural qui a pris de l'ampleur ces dernières années en Kabylie, n'a pas épargné la commune de Mizrana (Tigzirt). Les raisons sont multiples. La région demeure toujours marginalisée par les pouvoirs publics qui n'ont rien fait pour retenir les citoyens sur place. D'ailleurs, dans les trois villages les plus reculés, à savoir Thala Mimoun, Iguer Guires et Athouri à 7 km au sud-ouest du chef-lieu de la commune, les conditions de vie sont intenables. Les habitants ont déploré le fait que leurs villages n'ont pas bénéficié de projets de développement. De ce fait, les habitants de ces villages préfèrent aller sous d'autres cieux plus cléments afin de rompre avec un quotidien plein d'aléas. Nombreux sont ceux qui sont actuellement établis à Dellys ou à Tizi Ouzou. « Nous avions beaucoup attendu et résisté même durant la décennie noire, car nous savions que la paix allait revenir un jour, mais, hélas, nos jeunes ont fini par perdre espoir devant le chômage galopant qui ronge cette frange très sensible de la société. Cela sans parler de la crise du logement et de la malvie », nous a déclaré un septuagénaire de la région l'air navré, avant d'enchaîner : « Comment voulez-vous parler de développement alors que la RN24 qui traverse notre commune tout le long du littoral et qui nous relie à la ville portuaire Dellys est toujours fermée pour des raisons de sécurité, dit-on, c'est la seule route fermée pour cette raison dans tout le pays, comme si le terrorisme n'existe qu' à Mizrana. » Ajoutons à cela l'épineux problème de la pénurie de l'eau potable. Même en période hivernale, les familles ne doivent leur salut qu'à d'anciennes fontaines pour s'approvisionner de cette denrée précieuse, puisque la daïra de Tigzirt n'est pas concernée par la distribution de l'eau du barrage de Taksebt. Les citoyens de cette région se sentent livrés à eux-mêmes. « Toutes nos requêtes adressées aux autorités locales sont restées lettre morte », déplore un autre villageois.