Une association nationale de marketing et de publicité, composée de 13 membres, vient d'être lancée. Lors d'une réunion tenue jeudi dernier à la Safex, il a même été procédé à l'élection de Amar Boucherrab, directeur d'Espace numérique, comme président. Djamel Achache, directeur général de MD Pub Expo, avait souligné l'urgence de restructurer cette corporation et de mettre de l'ordre pour y voir plus clair : « La plupart des opérateurs font tout et n'importe quoi à la fois. Il est clair que le secteur a grand besoin d'une spécialisation et d'une sérieuse prise en main. » Plusieurs agences étaient présentes, dont Avenir décoration, Expo sign, Intégral conseil, Anep et Lotus conseil. « La première étape consiste à s'organiser au sein même de la profession, à recenser les problèmes et canaliser les ressources. Il est important qu'il y ait des liens solides entre les agences. Actuellement, le monde a deux niveaux d'agences : les agences internationales qui viennent et ramènent des caquettes telles que Publicis, Euro RSCG et JWT et les agences qui font tout et peuvent travailler avec les annonceurs algériens. La seconde étape est de régir les différents rapports entre les différents acteurs (les pouvoirs publics et les annonceurs). Nous devons composer avec eux et dans ce sens, nous allons organiser un comité de réflexion », a déclaré M. Boucherrab. Selon lui : « Les pouvoirs publics ont besoin de comprendre. Il y a un déficit de communication avec tous les problèmes que les afficheurs ont rencontrés, il y a deux supports incontournables en Algérie : la presse et l'affichage urbain et autoroutier. » L'enjeu est de dynamiser ce secteur et pousser les annonceurs à mieux consommer. « Nous avons visité les pays voisins et pour un annonceur local, avoir une affiche, voire un panneau, c'est comme s'il fait une petite annonce pour un particulier et nous, on n'a pas cette tradition, nos annonceurs ne communiquent pas. Pourquoi ? Est-ce un phénomène de société ? Est-ce qu'ils ne sont pas assez formés sur le plan managérial pour donner de l'importance à la communication ? On a une grande enseigne qui vend 5 fois plus en Algérie mais qui consomme 5 fois moins. Est-ce parce que dans l'autre pays, il y a plus de moyens, les gens communiquent mieux, que les pouvoirs publics facilitent mieux la tâche aux annonceurs et agences. Nous avons besoin de comprendre ce qui se passe, on n'est pas là pour faire un procès, ce n'est pas nécessaire », affirme notre interlocuteur. Il a été constaté qu'il n'y a que deux ou trois secteurs qui accaparent le marché après la téléphonie mobile. Dans d'autres pays, il y a l'agroalimentaire. Il y a un marché de la publicité, mais il faut avoir les supports derrière. Selon le président de l'association : « On a besoin aussi de magazines : ils sont confectionnés chez nous en 90 grammes luxes, il n'y a pas encore de magazines bien imprimés sur du papier offset 60 grammes : on achète plus une brochure qu'un magazine. Il y a la presse qui profite de cette manne et tout ce qui est affichage, mais avec le gel de deux ans de la wilaya d'Alger, cela a cassé complètement la dynamique même si les choses se sont débloquées. Il y avait un appel d'offres, des opérateurs l'ont eu mais même les annonceurs ont encore peur du jour au lendemain, il y a des afficheurs qui ont disparu, obligés de rembourser. Il y a un chevauchement entre le wali et l'APC, nous allons aider les pouvoirs publics à légiférer dans ce domaine. » Peut-on parler d'un support audiovisuel avec une seule télé ? La majorité des téléspectateurs est branchée sur les chaînes étrangères. La chaîne algérienne travaille bien pendant le Ramadhan où on voit des spots à profusion. Selon les résultats de l'étude Sigma Conseil Algérie, l'ENTV, unique chaîne terrestre du pays, demeure la première chaîne reçue dans le pays en termes d'audience dans la population urbaine de plus de 4 ans, avec 37% de taux d'audience cumulé par jour en moyenne et 30% de parts d'audience. Les 300 chaînes en langue arabe disponibles via les satellites NilSat notamment, Arabsat et Hotbird ont une audience cumulée quotidienne de 38%. Dubai TV, les chaînes du Groupe MBC (MBC1, MBC2, MBC3 et 4 ainsi que MBC Action) et Al Jazeera arrivent en premier avec des audiences journalières oscillant entre 3% et 7% pour chacune d'entre elles. Le nombre d'annonceurs à la télévision était d'environ 300, aujourd'hui ils ne sont guère plus de 100 à investir dans ce média de masse. Ce phénomène de concentration n'est pas propre au cas algérien, en Tunisie et au Maroc, on retrouve les mêmes évolutions dues notamment à l'enchérissement des espaces publicitaires TV et la présence d'acteurs publivores (10% des annonceurs représentent 70% des IP TV) rendant la visibilité des petits annonceurs assez difficile. Les chaînes françaises, à leur tête TF1 (15% de taux d'audience) et M6 (11%), se positionnent juste après l'ENTV, mais perdent régulièrement des parts d'audience, concurrencées en cela par les chaînes panarabes qui accaparent désormais 36,5% de parts d'audience. Les chaînes maghrébines savent qu'il y a un marché : « La nature a horreur du vide, si ce n'est pas nous, quelqu'un d'autre va venir, c'est une réaction normale, c'est à nous de nous organiser entre Algériens et d'être une force de proposition. Les gens sont très mal formés en Algérie. Tout le monde travaille d'une façon empirique, même les formateurs n'ont pas un minimum de diplômes d'utilisateurs par rapport aux études de la communication. C'est pour ça que des agences internationales s'installent et cherchent des métiers quasiment inexistants en Algérie telles que Média Planner, chargé d'élaborer le plan média et qui prévoit et organise le passage des campagnes dans les différents supports. Même les infographes ont appris d'une manière empirique : il n'y a pas par exemple d'écoles certifiées comme étant utilisateurs chez Adobe outils de PAO par excellence », conclut le boss d'Espace numérique.