Né en 1922 à Hadjout (ex-Marengo), fils de Si Abdallah, bilingue sorti de la Medersa et de la faculté des lettres d'Alger et issu d'une famille de lettrés de Nedroma où il exerçait comme interprète judiciaire, docteur Rahal a été obligé de suivre les traces du père muté à Tighenif (ex-Palikao) pour étudier. Le brillant élève que fut Mohamed Rahal décrocha son baccalauréat dans cette ville, au collège Laperrine (actuellement Azza Abdelkader). Obligé de suspendre ses études pendant plusieurs années, il entame sa première année de droit à Alger et les poursuit à Paris-Panthéon Sorbonne, où il obtient en mai 1951 son titre de docteur d'Etat en sciences juridiques. Après plusieurs années de stage dans diverses études, il réussit quand même, dans les conditions draconiennes que connaissaient alors tous les Algériens. A Tiaret, où il s'installa comme avoué plaidant, il a assuré sans discontinuer, jusqu'au cessez-le-feu et malgré les menaces et les périls qui pesaient sur lui et sa famille, la défense de plusieurs dizaines de djounoud, militants et militantes du FLN poursuivis devant le tribunal correctionnel de Tiaret et le tribunal militaire ensuite. Parmi ces derniers, le regretté Benatta Abdelkader, alors chef de l'organisation civile de Tiaret, la cellule féminine de Tiaret, le Chahid Hamdani Adda et ses hommes. Cela lui vaut d'ailleurs les foudres de l'organisation sanguinaire de l'OAS, à laquelle il échappe à deux reprises mais qui finit par plastiquer son étude le 17 Mars 1962. A la suppression de la profession d'avoué, il exerce alors et jusqu'à nos jours celle d'avocat. Ce n'est pas évident pour un francophone de sa trempe mais au prix d'efforts inestimables, Si Mohamed Rahal a été amené à rédiger ses études en arabe. Plus tard, en mars 2005, la médaille du mérite lui est décernée par l'organisation régionale des avocats de Mostaganem, dirigée par son concitoyen, le bâtonnier Abdelkader Taha. Une année après, c'est la médaille du mérite nationale, avec reconnaissance pour la défense lors de la guerre de libération, qui lui est remise solennellement au Club des Pins, à Alger. Distinction tardive Une médaille que maître Rahal dédia, en marge des journées nationales de l'avocat, aux chouhada pour, dira-t-il dans une chronique libre, « honorer leur mémoire dont celle de Hamdani Adda et de ses compagnons assassinés par l'OAS dans d'horribles conditions ». Une distinction quelque peu tardive mais qui est allée droit au cœur du célèbre avocat qui, à peine remis de ses émotions, alla perdre son épouse Layla Ilem, sa compagne de toute une vie sans laquelle maître Rahal Mohamed n'aurait pu, reconnaît-il, rester à Tiaret et faire ce qu'il a fait. Cette femme admirable et courageuse avait, au moment de la grève des étudiants du 19 mai 1956, cessé les études de pharmacie qu'elle poursuivait à la faculté d'Alger où elle activait pour la cause nationale, comme la plupart des jeunes étudiantes de son âge. Après un séjour au Maroc auprès de ses parents qui y résidaient, elle est aussitôt retournée aux côtés de son époux et a partagé avec lui les risques et périls que couraient tous les Algériens dont les intellectuels de sa trempe. Reconnaissant à juste titre, « Maître Taha considère que son collègue Rahal avait constitué à lui seul, de 1957 à 1962, le collectif des avocats de Tiaret ». Sa droiture et sa bravoure, conjuguées à ses talents continuent jusqu'au jour d'aujourd'hui de lui valoir respect et admiration. Beaucoup de Moudjahidin et Moudjahidate, toujours en vie, tenaient d'ailleurs à lui rendre hommage de son vivant pour dire « leur gratitude et remerciement pour le travail qu'il a accompli ». Deux figures marquantes de la période coloniale, Si Bouzid, officier de la wilaya 5, zone 7, région Une de l'ALN, détenu et condamné à mort, compagnon d'armes du Chahid Si Othmane (Hamdani Adda) ainsi que Saadia Boukhors, entre autres, n'ont pas hésité à reconnaître en maître Rahal les qualités aujourd'hui rares qui font les grands hommes. Si Bouzid reconnaît jusqu'à l'épisode du billet confisqué par les geôliers et le rôle joué par cet avocat durant la guerre et subséquemment de l'affaire Hamdani Adda qui a eu l'écho escompté en dépit des pressions, intimidations, voire du chantage même exercé par l'appareil répressif colonial. Docteur Rahal, en homme consciencieux, n'a jamais succombé aux chants des sirènes et autres avances qu'il déclinait à chaque fois.