Cinquante-neuf sidéens (dont 36 cas sida-maladie et 23 séropositifs) sont recensés jusque-là dans le territoire de la wilaya de Béjaïa. Le chiffre, a priori, pour une population frôlant le million d'âmes, n'est pas alarmant. Mais la donnée reste aléatoire, le dépistage à l'heure actuelle n'étant pas encore parvenu à une systématisation dans le carnet sanitaire du citoyen. Alors qu'une structure épidémiologique existe dans le chef-lieu de Béjaïa depuis 1988 (année où a été recensé le premier cas séropositif), « on n'est pas encore arrivé à une demande expressément de dépistage du VIH », expliquera le docteur Hamici. Deux axes de lutte sont mis en place : dépistage passif réalisé après tout don de sang et dépistage volontaire. Malheureusement, pour ce qui est de la deuxième démarche, les citoyens ne se bousculent pas au centre de transfusion de Lekhmiss où est pratiquée l'analyse en question. Seuls jusqu'à maintenant s'y présentent des citoyens pour bilans prénuptiaux (devenu une règle obligatoire) et les sujets ayant vécu une conduite à risque. Voilà dans le premier abord ce qui aura servi de support d'approche pour la quarantaine d'associations réunies pour une journée d'étude à la Maison de la culture de Béjaïa à l'initiative de l'Etoile culturelle d'Akbou. On comptera pour participants tous les relais impliqués dans la lutte contre le sida : le corps de l'éducation, la direction de la jeunesse et des sports, les corps de sécurité et les associations ayant pied dans la jeunesse. L'objectif de la rencontre est principalement, selon M. Mouloud Salhi, le président de l'association organisatrice, sur la base du constat dressé, « d'apporter une réponse pédagogique commune aux paramètres organisationnels, sociaux et médicaux à même d'optimiser la lutte ». Les « leaders de lutte » réunis ont convenu de la nécessité de jeter des passerelles entre eux, passant d'un échange d'expériences à la formation et à l'uniformisation des méthodes et moyens. Dans le chapitre des résolutions toujours, il est question d'une caravane d'information et de sensibilisation sponsorisée par le Fonds mondial contre le sida, l'Unicef, et le MJS, et qui sillonnera dans un premier temps Béjaïa et 7 wilayas limitrophes. La caravane devra faire œuvre commune dans les localités visées avec les « réseaux de l'espoir » de lutte contre le sida mis en place en 2005. A Béjaïa, le réseau est mis en place avec l'assistance d'universitaires, le professeur Senhadji et le recteur, M. Merabet. Les premières actions des réseaux concerneront les milieux les plus vulnérables. Béjaïa, spécifiquement, doit, nous apprendra Dr Hamici, bénéficier de l'inauguration prochaine d'un centre de dépistage volontaire qui sera installé dans l'une des polycliniques de la ville (Sidi Ahmed ou Iheddadène) et aura, entre autres, pour mission, une distribution gratuite de kits de dépistage rapide. De cette journée, on aura aussi dressé le bilan de la situation épidémiologique des structures de santé de la wilaya. Une conduite caractérisée par la sécurisation des gestes pratiqués au niveau des hôpitaux et polycliniques, des prélèvements systématisés dans les blocs chirurgicaux et dans tout le champ souillé par du sang pour s'assurer à la fois de la non-contamination des équipements et du consommable. Grâce à quoi, aucun cas VIH n'est décelé dans les structures d'hémodialyse.