Une conférence sur la place des TIC dans la stratégie industrielle a été organisée dimanche dernier à Alger par l'Association algérienne des technologies de l'information (AITA). Les initiateurs de cette association à but non lucratif se sont fixé quelques objectifs à atteindre, dont l'un des plus importants est de promouvoir les technologies de l'information et de la communication et d'aider à la généralisation de leur utilisation dans tous les secteurs. Yazid Boubnider, ingénieur d'Etat en informatique et titulaire d'un diplôme d'études approfondies en génie logiciel de l'université Paul Sabatier de Toulouse, possède plus de 20 ans d'expérience dans la conduite de missions de diagnostic, de refonte et de transformation de systèmes d'information et informatiques des plus grandes organisations et industries françaises. Il a expliqué dans son intervention l'utilisation des TIC en Algérie qui peut être « un levier de compétitivité dans la production de biens ». Les prévisions de la Banque mondiale (2003) estimaient que, pour l'année 2007, le marché des TIC en Algérie devait atteindre 2,75 milliards de dollars US et l'impact de la diffusion et de l'utilisation des TIC sur la croissance devait représenter 4,1% du PIB pour cette même année. « Performance proche de celle des pays développés où ce taux représente 4 à 8% du PIB. Seulement, ces prévisions restent hors d'atteinte », précise-t-il. L'accès à Internet et aux services en ligne à fin juin 2006 s'effectue à travers 320 000 abonnés ADSL, alors que le gouvernement prévoit d'atteindre 3 millions de personnes connectées d'ici à fin 2008 et 6000 lignes spécialisées. L'utilisation des TIC dans l'industrie a été abordée à la lumière de l'expérience française. En 2002, dans ce pays, 97% des sociétés industrielles étaient équipées en micro-ordinateurs et 83% d'entre elles étaient connectées à internet. Globalement, plus de la moitié des salariés avait accès à un micro-ordinateur et moins du tiers à internet. Pour améliorer leur fonctionnement interne, 38% des entreprises disposaient d'un intranet et 38% avaient mis en place un progiciel de gestion intégrée (ERP). Pour optimiser les relations avec leurs partenaires externes (fournisseurs, sous-traitants, clients), 56% des entreprises utilisaient l'EDI, 39% disposaient d'un site sur la toile et seulement 14% avaient mis en place un extranet. Alors qu'internet représente aujourd'hui le moyen pour les entreprises d'être présentes commercialement d'un point de vue mondial, les entreprises algériennes restent en retrait. Le retard est lié principalement à l'absence d'une stratégie nationale claire en termes de développement des NTIC avec des objectifs bien précis et l'inexistence d'une industrie de contenu. La plupart des projets, tels que le réseau intranet gouvernemental, l'opération Ousratic et le développement de l'internet à haut débit, n'ont pas été concrétisés dans les délais. Le réseau intranet gouvernemental (RIG) était prévu pour le premier trimestre 2005 et il n'est pas encore opérationnel. Youcef Mentalecheta, ancien directeur du programme intergouvernemental d'informatique de l'Unesco affirme : « Greffer les technologies de l'information et de la communication en Algérie sans assainir le terrain, c'est aller vers un échec. La vision doit être globale. L'entreprise française a modernisé son outil de production et de gestion pour se développer. L'entreprise algérienne n'est pas encore à ce stade de par sa structure, c'est souvent une entreprise familiale où l'aspect compétitivité n'a pas encore été atteint La culture TIC n'est pas encore suffisamment installée et il y a une pauvreté au niveau de l'information. » Selon lui,. L'Etat français a pris des dispositions en procédant d'abord à sa propre modernisation, la mise en place de l'administration en ligne qui a rapproché le citoyen de son administration ».