Quatre pays sud-méditerranéens ont pris des mesures pour faire face au géant chinois du textile. L'Egypte, le Maroc, la Jordanie et la Tunisie ont ainsi convenu jeudi dernier d'un « plan d'action commun » visant la libéralisation des échanges régionaux dans le textile pour faire face à la concurrence asiatique. De son côté, la commission européenne a affirmé qu'elle continuera à surveiller les importations de textiles chinois même après l'expiration, début 2008, des quotas mis en vigueur et prendre des mesures nécessaires en cas de déferlante de ces produits dans l'UE. De nombreux pays prennent ainsi les devants pour défendre leurs entreprises de textile. Lors d'un forum économique qui s'est tenu le week-end dernier à Tunis, des experts du textile et des représentants des quatre pays ont signé un accord qui prévoit le renforcement du commerce intra-régional des intrants et met l'accent sur la collaboration avec des compagnies de commerce international pour conquérir de nouvelles parts de marchés en Europe, débouché essentiel des produits textiles des pays sud-méditerranéens. Des participants ont aussi envisagé la création d'une structure de gestion et de groupes de prospection communs pour cibler de nouveaux marchés, notamment les Etats-Unis, où la Jordanie est déjà présente. Au Maroc, un budget important devra être consacré à la promotion des exportations du secteur. L'Etat s'était engagé à accorder à l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH) une subvention annuelle de 20 millions de dirhams (200 millions de dinars algériens) durant trois ans pour financer les activités de prospection de nouveaux marchés et la recherche de partenaires pour renforcer l'investissement et trouver de nouvelles sources de financement. Les pays de la rive sud de la Méditerranée ont vu leurs parts de marchés en Europe régresser à la suite du démantèlement des accords multifibres (AMF) et de la fin du régime des quotas qui garantissaient l'accès privilégié de leurs produits à ce marché en janvier 2005, selon une étude présentée lors du forum. Leurs produits restent menacés par un déferlement de vêtements fabriqués en Chine avec la suppression des derniers quotas portant sur une dizaine de produits en janvier 2008. Le secteur du textile-habillement fournit près de quatre millions d'emplois directs et représente près de 50% de l'ensemble des exportations des pays de la rive sud de la Méditerranée. A l'autre rive de la mer, la Commission européenne surveillera les importations de textiles en provenance de Chine à un rythme « aussi proche du temps réel que possible », selon les termes du commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson. « En cas de hausse soudaine des importations de textiles chinois, la commission se tient prête à utiliser tous les instruments à sa disposition, si la situation le requiert », a-t-il ajouté. Ces quotas, qui avaient été réintroduits en juin 2005 pour protéger l'industrie européenne d'une arrivée massive de produits bon marché, seront levés et remplacés le 1er janvier 2008 par un système conjoint de surveillance des importations avec la Chine. Pour l'heure, aucune mesure similaire n'a été décidée en Algérie.