Les étudiants de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa sont partis en vacances d'hiver hier en mettant fin à leur long mouvement de grève et avec la satisfaction de pourvoir reprendre leurs cours, dans deux semaines, sous de meilleurs auspices. Ils viennent d'arracher, après une houleuse protestation, la satisfaction de la totalité de leurs revendications relatives à leurs conditions de vie dans les cités universitaires. Entre autres promesses fermes : chaque étudiant « SDF » disposera de son lit dans les plus brefs délais. Pas de poursuites judiciaires non plus. Le dénouement de la crise est venu même si certaines parmi les revendications ayant trait à la pédagogie devront encore attendre. Les discussions ont été longues autant que l'a été la liste des revendications. Du coup, le PV de la réunion de dimanche, présidée par le wali, qui s'est prolongée jusqu'à 22h30 et à laquelle les étudiants ont refusé la présence de la responsable de la DOU, a pris plus de 50 pages. Le directeur général de l'Office national des œuvres universitaires (ONOU), ses deux collaborateurs et les deux représentants du ministère de l'Enseignement, en l'absence de ceux du ministère des Finances, ont pris « bonne note » des exigences des 17 représentants des étudiants qu'ils devront soumettre « à qui de droit ». C'est la suite qui a été réservée à la demande d'augmentation de la bourse dont l'aboutissement est subordonné, est-il expliqué, à un projet qui existe, mais qui ne peut se soustraire à la procédure administrative qui lui est imposée, notamment sa soumission à l'approbation du Parlement. Les représentants du ministre Rachid Harraoubia ont soutenu, selon des étudiants, que le projet en question a été soumis au débat à l'APN avant de buter sur le détail concernant le montant de l'augmentation à opérer. Les étudiants de Béjaïa, eux, réclament une bourse d'au moins 12 000 DA par trimestre, soit le quintuple des 2700 DA actuellement. Si cette revendication garde une chance d'aboutir, celle portant « démocratisation de l'université » n'en a presque pas. Les étudiants entendent par démocratisation tout simplement la désignation du recteur par voie de vote dans lequel ils demandent à faire participer leurs représentants aux côtés des enseignants. C'est niet. Chasse gardée. La désignation des recteurs restera une des prérogatives du président de la République. Cependant, les représentants des étudiants se disent satisfaits globalement des résultats du dialogue qu'ils devront reprendre samedi prochain avec les représentants de l'ONOU pour la mise en œuvre de leur plateforme de revendications. Promesse donc a été donnée pour l'autonomie décisionnelle et financière des cités universitaires qui se passeront désormais de la tutelle de la direction des œuvres universitaires de la wilaya. Pour les étudiants, la DOU devrait, de fait, disparaître de l'organisme du secteur. Une première, si elle venait à être effective. Les directeurs des cités « U », qui disposeront de leurs propres budgets, auront directement affaire avec la direction générale de l'ONOU. L'on a aussi obtenu plus que la réintégration des exclus qui auront le choix du changement de filière, la suppression tout bonnement du principe de l'exclusion dans le système classique. Concernant le LMD, il est accordé la création d'un conseil pédagogique, qui jouera un peu le rôle d'orientation et de suivi, avec l'assurance de sorties pour les étudiants qui ont aussi la garantie, par l'administration rectorale, d'un stage de fin de cycle. Sur le plan des moyens, l'engagement a été pris de livrer dans six mois un centre de calcul équipé au campus d'Aboudaou, d'améliorer et de renforcer le transport universitaire, d'équiper d'un centre culturel, d'une salle omnisports et d'une ambulance chaque cité « U » dont celle, nouvelle, d'El Kseur qui accueillera aussi des filles, d'enrichir la bibliothèque en ouvrages et, mieux encore, de mettre les titres existants sur CD à distribuer aux étudiants.